Le ministre des Finances a reconnu que l'Etat ne peut pas continuer à subventionner les prix des carburants qui coûtent un budget de 900 milliards de dinars au Trésor public. Le ministre des Finances Abderahmane Raouïa a défendu avec force les augmentations contenues dans le projet de loi de finances 2018. Dans sa réponse aux préoccupations des députés, à l'issue des débats, le ministre a balayé les craintes affichées par ces derniers quant aux conséquences des augmentations sur le pouvoir d'achat des citoyens. Se référant au prix du carburant, le ministre rappelle que c'est le moins cher en termes de coût tout en affirmant qu'il y a une surconsommation avec une moyenne de 14 millions par an dont 9,7 millions du gas-oil alors que l'Algérie ne produit que 11 millions de tonnes de carburants. Aiguisant ses arguments, Raouïa a affirmé que l'Etat ne peut pas continuer à subventionner les prix du carburant qui coûtent un budget de 900 milliards de dinar au Trésor public. Le ministre soutient par cette décision que le gouvernement vise à rationaliser la consommation. Cette réponse vient confirmer que le gouvernement tient à sa position et qu'il n'est pas question de renoncer à ces augmentations. Lors des débats, les députés de toutes tendances confondues ont critiqué en force l'augmentation des prix du carburant en soutenant qu'elles vont pénaliser les agriculteurs et les transporteurs. De nombreux partis ont introduit même des amendements pour supprimer ces taxes qui vont peser sur le portefeuille des ménages. Le ministre a affirmé qu'il n'y aura pas d'augmentation des taxes avant 2020. Toujours dans sa réponse, le ministre a rassuré que le taux d'inflation ne sera pas triplé. «Le taux d'inflation sera maîtrisé à l'horizon 2020, et ne dépassera pas les 5%». Sur le système de subventions ciblé, vivement critiqué par certains élus de l'opposition, l'hôte de l'APN a affirmé que cette politique sera faite, mais sans précipitation. Selon lui, le gouvernement est en train de mettre les mécanisme de façon à ne pas exclure ceux qui ont un salaire moyen de bénéficier de ces subventions. Il a assuré que l'Exécutif vise également la protection du pouvoir d'achat sérieusement malmené ces dernières années. Concernant la taxe sur la fortune, le ministre a indiqué que des textes d'application seront publiés pour mieux clarifier sa mise en oeuvre. Au sujet du recouvrement fiscal qui reste néanmoins faible, le ministre a assuré que le gouvernement est en train d'ouvrir de nouveaux centres et de moderniser le système fiscal de manière à améliorer le recouvrement des recettes. Raouïa a rappelé que le projet de loi de finances 2018 s'inscrit dans le cadre de la démarche du gouvernement visant à maîtriser et rationaliser les dépenses publiques et de préserver les grands équilibres macro-économiques et à maintenir le soutien des couches défavorisées de la société. Par ailleurs, les interventions des chefs des groupes parlementaires ont été marquées par des tirs croisés entre la coalition et l'opposition. Les chefs des groupes des partis de l'opposition ont dénoncé les mesures d'austérité contenues dans le texte, accusant le gouvernement de vouloir paupériser davantage les citoyens, en s'attaquant au pouvoir d'achat. Le chef du groupe parlementaire du FFS, Chafaa Bouaiche, a expliqué que l'esprit de ce projet de loi peut-être résumé à la faiblesse de l'Etat de trouver d'autres solutions. «Ce n'est pas ce projet de loi de finances qui fera sortir notre pays de l'impasse de l'économie rentière, clientéliste et bureaucratique», a-t-il déclaré, en réitérant l'initiative du FFS visant la reconstruction du consensus national. De son côté, Ramtane Taâzibt, du Parti des travailleurs (PT), a déclaré que la situation actuelle du pays exige un gouvernement qui n'hésite pas à utiliser tous les moyens juridiques afin de récupérer l'argent de la nation, notamment le recouvrement des impôts impayés. «La situation actuelle nécessite l'audace et la volonté politique pour lutter contre la corruption et toutes formes de crimes visant le pays», a-t-il martelé en appelant au recouvrement des crédits bancaires non remboursés. Selon lui, l'instauration d'un véritable impôt sur la fortune, qualifiant celui proposé par le gouvernement de «timide» et de «leurre». Lakhdar Benkhelaf du FJD n'a pas été tendre envers le gouvernement en critiquant sévérement sa politique de recours aux portefeuilles des citoyens. Devant ces critiques, la coalition a riposté en force. Le chef du groupe parlementaire du FLN, Saïd Lakhdari, n'a pas été, en effet, tendre avec l'opposition qualifiée de «pessimiste». Ce dernier a déploré le recours de l'opposition à la critique «gratuite» en trouvant le moindre prétexte, comme celui de reprocher au gouvernement le report de la date de l'adoption de la loi de finances 2018 jusqu'après les élections locales «par peur de la sanction des électeurs».