Les athlètes ne doivent pas être ciblés dans un échec qui incombe, avant tout, aux fédérations. C'est un cuisant échec que les athlètes algériens ont enregistré aux Jeux méditerranéens de Pescara. Il faut en effet remonter trente ans en arrière pour trouver trace d'une aussi médiocre participation de nos représentants à de telles joutes. La dernière fois où les sportifs algériens s'étaient si mal distingués, c'était en 1979 aux Jeux de Split d'où ils nous étaient revenus qu'avec une seule médaille en or. Car il faut bien comprendre que, dans ce genre de compétition, le classement des nations se fait en fonction des premières places obtenues et non du nombre total des médailles. Du reste, même sur ce plan-là, cela ne vole pas très haut puisqu'à Pescara l'Algérie n'a remporté en tout que 17 médailles (2 en or, 3 en argent et 12 en bronze). Nous sommes loin, vraiment très loin des 9 médailles en or (29 au total) récoltées aux Jeux de Tunis en 2001 et les 8 autres du même métal (23 au total) aux Jeux d'Almeria en 2005. Au classement des nations, l'Algérie termine 14e dans un classement écrasé par l'Italie. Notre pays est largement dépassé par les autres pays du Maghreb (Tunisie avec ses 13 médailles d'or, l'Egypte avec ses 11 médailles d'or et le Maroc avec ses 6 médailles en or) et ne dépasse que la Libye qui s'est contentée d'une seule médaille en or. Les filles algériennes, si performantes dans ce genre de compétition, sont elles aussi passées à côté de leur sujet et nous reviennent sans aucune médaille en vermeil. Loin de nous l'idée de nous en prendre aux athlètes pour une si mauvaise récolte. Ils ont fait ce qu'ils ont pu en fonction des moyens qu'on a dégagé pour leur préparation. D'habitude, il revenait au Comité olympique algérien de se charger de cette préparation en concertation avec les fédérations sportives. Pour les Jeux de Pescara, on a innové. C'est une commission du ministère de la Jeunesse et des Sports qui a piloté cette préparation, le COA n'étant associé que pour des raisons pratiques puisque c'est lui qui est habilité à engager le pays dans les Jeux et à signer les fiches d'accréditation des chaque athlète et accompagnateur. Les différentes disciplines qui ont pris part aux Jeux de Pescara ont été choisies selon des critères de performance, certes, mais aussi selon les promesses qu'elles garantissent pour l'avenir car on voudrait se projeter sur les Jeux olympiques de Londres de 2012. Or, dans un tel contexte, on devrait s'attendre à une participation de sportifs ayant, à peine, la vingtaine d'années. Il y en a eu, mais force a été de constater qu'il y avait également de nombreux sportifs atteignant presque la trentaine, quelques-uns la dépassant (en tout cas, lors des Jeux de Londres, ils y seront tout près). Jouer sur l'argument d'une participation des espoirs ne tient donc pas la route, et certains DTN feraient mieux de parler un peu moins, eux qui cherchent à éloigner les gens de la vérité et à dévoiler leur échec. Où est le «renouveau» ? Dans toute préparation à une grande compétition sportive, c'est vers les fédérations que l'on est forcé de se tourner. Ce sont elles qui ont eu à s'occuper de la préparation de leurs athlètes, ce sont elles qui doivent nous faire le bilan de cette participation désastreuse, notamment celle du judo. Cette dernière nous avait habitués aux marches du podium même lors de compétitions aussi relevées que les Jeux olympiques et les championnats du monde. Là, elle n'a fait que récolter du bronze dans des matches de repêchage. Après la Berezina des championnats d'Afrique où les garçons n'avaient remporté aucune médaille d'or et avaient perdu le titre par équipes que l'Algérie détenait depuis dix ans, voilà le lamentable échec des Jeux de Pescara. C'était la fédération qui travaillait le mieux ces dernières années. Avec le «renouveau» qu'on lui a imposé il semble qu'un ressort s'est cassé et que la machine est toute déréglée. Le «renouveau», nous a-t-on dit, va venir avec ce profond changement dans les fédérations dirigées, dorénavant, par des universitaires. On vient de voir le premier résultat d'une telle action, alors que l'on savait que le niveau universitaire ne voulait absolument rien dire. La preuve, la fédération qui était la plus performante ces dernières années, celle du judo, n'était pas dirigée par quelqu'un qui sortait de la faculté. Il avait, toutefois, l'avantage de tout connaître de cette discipline dont il avait été un athlète international. Aujourd'hui, il devient évident qu'on s'est égaré en pensant qu'en changeant les directions des fédérations, le sport algérien allait renaître. Le plus important était de songer à appliquer une véritable politique du sport qui se base sur la relance de ce dernier dans les régions les plus désavantagées, la multiplication des pôles de développement, la focalisation sur la formation des jeunes talents, les moyens de dégager des sources de financement autres que celles de l'Etat, etc. Il fallait ensuite se tourner vers la base du système composée des clubs et des ligues, là où tout est déglingué. En «nettoyant» le haut (les fédérations) sans toucher au bas (clubs et ligues), on n'obtiendra rien de probant. Et quand on parle de «nettoyage», on veut dire installation de vraies compétences qui servent réellement le mouvement sportif national et non pas des gens qu'on ramène juste pour dire que ce sont des universitaires. Les Jeux de Pescara sont maintenant passés et l'heure est aux bilans. Espérons qu'on saura faire son mea culpa pour le bien du sport algérien qui n'avait vraiment pas besoin de recevoir une telle gifle.