L'emprunt obligataire, nouvelle culture financière fraîchement usitée en Algérie, est en train de se révéler comme la meilleure alternative d'accès à la ressource pour la réalisation des objectifs de développement. Le dernier prétendant admis à un tel mode de financement après accord des autorités monétaires, l'ETRHB, qui vient d'inscrire son nom aux côtés d'autres groupes publics et privés nationaux qui se comptent néanmoins sur les doigts d'une seule main conforte ainsi l'émergence d'une pratique financière des plus appropriée et qui se veut une réponse adaptée aux besoins de financements d'investissements les plus ambitieux. Cela révèle également l'émergence de groupes nationaux de qualité et de dimension autrement plus importante puisque leurs projets de développement dépassent quelquefois largement les capacités qu'offre le mode de financement bancaire classique. Les besoins de certains investisseurs ne peuvent plus s'accommoder des contraintes bancaires souvent coincées entre les ratios prudentiels et l'obligation de refinancement qui dénotent de l'obsolescence du système de crédit national. Les projets d'aujourd'hui, œuvre de certains investisseurs nationaux, se chiffrent en plusieurs milliards de dinars, et quand bien même la solidité du projet et la signature de l'emprunteur sont aussi solvables que sûres, aucune banque de la place ne peut répondre favorablement du fait de sa faible capacité d'intermédiation. Méga projets et cofinancements bancaires Nous sommes à l'ère des méga projets et aucune banque n'a les moyens de faire cavalier seul pour aller apposer sa signature de financement. D'où justement le recours aux crédits syndiqués, où l'effort de financement est partagé entre plusieurs établissements de crédit à travers ce qu'il est convenu d'appeler un cofinancement bancaire où le risque est également partagé et ventilé sans pour autant violer les règles prudentielles. Par-delà ces mécanismes techniques, il est utile de rappeler qu'en Algérie, la place financière nationale souffre de ses richesses qui noient le tissu bancaire avec des surliquidités inédites, et surtout inexploitées faute d'emploi. Sous cet angle, il est facile d'en déduire que tout méga projet qui mobilise la ressource bancaire nationale peut à ce titre être perçu comme un acte d'intérêt économique dans la mesure où il permet de créer une dynamique de marché et d'inciter les banques à s'associer autour d'un même objectif. Aussi, faut-il le relever, contrairement aux idées reçues, actuellement les banques qui regorgent de liquidités cherchent preneur et font dans la prospection pour trouver solution à l'immense problème qui se pose à elles : que financer et qui accompagner sans tomber dans le risque super élevé ? Ou encore par quel mode intervenir pour prendre en charge ces besoins de financement pour des investissements aussi lourds que complexes ? Les réponses à cette préoccupation bancaire en quête d'emploi à une ressource dormante viennent justement de ces projets que l'on voit aujourd'hui honorés soit par crédit syndiqué classique, soit par souscription aux emprunts obligataires. Emprunt obligataire : obligation de transparence Dans ce deuxième cas, c'est-à-dire celui où les établissements financiers et de crédit souscrivent à l'emprunt obligataire, il y a lieu de mentionner que celui-ci dénote de la bonne notoriété et de la crédibilité de l'emprunteur, condition sine qua non pour que la faisabilité devienne effective. En clair, il faut être un emprunteur déjà coté sur le marché et dans les esprits avant de l'être en bourse. Cela est un préalable qui veut que l'on ne peut prêter à des inconnus anonymes qui n'auront pas apporté la preuve de leur crédibilité ou de leur dynamisme et ce, tel que le dictent les critères implacables de la pratique du crédit universel. Par prolongement analytique, l'emprunt obligataire souscrit par les institutionnels est un gage de bonne santé pour l'emprunteur et pour le marché, cela représente un signal fort qui crédibilise la place et relance l'activité boursière puisque les obligations sont des valeurs mobilières négociables à volonté sur le marché boursier. Dans la pratique, une entreprise qui affiche des besoins de financement peut soit solliciter un crédit bancaire classique soit contourner ce circuit en s'adressant directement à l'épargne publique. pour leur part, les soumissionnaires qui achètent ces obligations peuvent être soit des particuliers en quête de placement, soit des entreprises, banques et assurances que l'on appelle les institutionnels. En Algérie, les emprunts obligataires adossés à une souscription émanant des institutionnels s'avèrent comme la meilleure formule de financement, car ils traduisent une confiance largement exprimée et assurent une réussite de la formule dans la forme et dans les «fonds». SONATRACH, SONELGAZ, le privé GROUPE DAHLI, ou encore CEVITAL, et dernièrement le groupe ETRHB sont quelques noms ayant réussi à provoquer ce dynamisme et à mobiliser les institutions de la place autour d'un seul objectif : s'associer pour les meilleures réponses économiques et financières. Pour une entreprise, être admis à un emprunt obligataire signifie que l'on a été reconnu transparent dans les comptes, compétent dans la gestion et avisé dans ses projets.