Le récent discours du roi Mohamed VI, qui a désigné un ennemi intérieur au Maroc, les Sahraouis, qui, pourtant, ne revendiquent que leur droit à l'autodétermination, vient de donner ses fruits amers avec l'arrestation, vendredi, de la présidente du collectif des défenseurs des droits de l'Homme au Sahara occidental (CODESA), Aminatou Haidar. L'arrestation plutôt l'enlèvement de la militante de la cause sahraouie à sa descente d'avion à l'aéroport d'El-Ayoun, alors qu'elle était accompagnait de deux journalistes espagnols, s'inscrit dans la campagne de harcèlement des militants sahraouis des droits de l'homme par les autorités marocaines. De retour de New York où elle a reçue le prix du courage civil 2009, octroyé par la "John Train Fondation" pour sa "résistance pacifique au Sahara occidental", l'ex-détenue politique sahraouie a été embarquée dans un fourgon vers une destination inconnue, rapporte l'agence presse sahraouie (SPS). Dans un communiqué rendu public vendredi, l'Association sahraouie des victimes des violations des droits de l'Homme commises par l'Etat du Maroc (ASVDH) a confirmé l'arrestation de Aminatou Haidar et de ses deux amis espagnols. "D'après un appel téléphonique avec elle vers 12h 38 locale, Aminatou Haidar a confirmé son arrestation avec ses deux amis espagnols", a souligné l'ASVDH, qui a dénoncé vivement "ces pratiques répressives qui visent à entraver la liberté des défenseurs des droits de l'homme sahraouis". L'arrestation de Mme Aminatou a suscité une vague de solidarité et de dénonciations. La Coordination espagnole des associations solidaires avec le peuple sahraoui (CEAS) a qualifié de l'arrestation de la militante sahraouie de "violation" des droits les plus élémentaires de la légalité internationale qui "ne peut rester impunie". La CEAS a exprimé sa ferme condamnation devant cette nouvelle violation des droits les plus élémentaires de la part du Maroc qui "vise à faire de la militante Aminatou Haider et d'autres dirigeants sahraouis des otages d'une volonté politique illégale, exercée devant la complicité et le silence de la MINURSO". La CEAS a souligné que cette nouvelle arrestation vient s'ajouter à celle des sept autres défenseurs sahraouis des droits de l'homme qui risquent la peine de mort s'ils venaient à être jugés par un tribunal militaire. Les deux journalistes indépendants espagnols, Pedro Barbadillo et Pedro Guillen, qui accompagnaient Mme Haider ont été libérés et ont regagné l'Espagne dans la soirée. Les deux journalistes sont arrivés à l'aéroport de la Grande-Canarie après avoir été retenus plusieurs heures à El-Ayoun. Les deux hommes ont été détenus pendant sept heures après leur arrivée dans la ville d'El-Ayoun. Mme Haider fait partie des plus éminents défenseurs des droits de l'homme au Sahara occidental. Elle est reconnue pour sa campagne courageuse pour l'autodétermination du Sahara occidental occupé par le Maroc et contre les disparitions forcées et les abus commis sur les prisonniers d'opinion. Mère de deux enfants, elle a subi la torture et une disparition forcée pendant 4 ans pour ses opinions politiques.