L'affaire des détenus de Guantanamo continuera certainement d'alimenter la polémique entre partisans et opposants à cette zone de non-droit. Cette prison, dans l'île éponyme où les services secrets américains ont parqué des centaines de prisonniers soupçonnés d'appartenance à Al Qaïda, n'aura finalement pas servi à grand-chose. Près du quart des anciens détenus qui ont été libérés auraient rejoint le combat djihadiste. Dans une lettre envoyée à la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, la Maison-Blanche indique qu'au moins 20% des anciens détenus de la prison de Guantanamo sont repartis se battre. Pour John Brennan, le conseiller du président Barack Obama pour l'antiterrorisme, les preuves manquent pour confirmer ces informations, mais, selon les rapports des services de sécurité, il est certain que près de 10% des ex-détenus ont rejoint les maquis islamistes, au Yémen notamment. Le conseiller d'Obama conforte ainsi les propos de Dianne Feinstein, sénatrice démocrate et présidente de la commission du Renseignement du Sénat américain, qui a affirmé, le 10 janvier dernier, que des dizaines d'anciens détenus du camp de Guantanamo, dont un tiers de Yéménites, sont retournés au combat. Dans un entretien à la chaîne CBS, Mme Feinstein avait précisé qu'il y aurait «au moins» 24 à 28 cas confirmés de détenus yéménites qui sont retournés au combat dans leur pays. La sénatrice estime à 74 le nombre de prisonniers «récidivistes», ce qui est suffisamment grave, selon elle, pour qu'Obama prenne les mesures appropriées, c'est-à-dire maintenir en détention les 198 prisonniers encore présents à Guantanamo, en particulier les 91 Yéménites qui en font partie. Bush si, Obama no L'affaire de la prison de Guantanamo qui a scandalisé l'opinion mondiale pour le traitement inhumain et dégradant des détenus qui y avaient été parqués du temps de l'administration Bush, après que celle-ci eut déclaré la guerre au «terrorisme», avait trouvé un début de solution avec l'arrivée d'Obama à la Maison-Blanche. Sa fermeture était programmée et ses indésirables hôtes, contre lesquels aucune preuve tangible de leur implication dans des actes terroristes n'a pu être établie, devaient être libérés. Plusieurs pays, dont la France, s'étaient proposés pour les accueillir, ce qui a été d'ailleurs le cas. Mais le dilemme est entier pour l'administration Obama depuis l'attentat manqué contre le vol Amsterdam-Detroit commis par un jeune djihadiste nigérian entretenant des liens avérés avec Al Qaïda, qui plus est ayant transité par les camps djihadistes du Yémen. En plus de la confirmation par le Pentagone, peu après l'attentat raté, du nombre croissant d'ex-détenus de la prison américaine de Guantanamo qui rejoignent les groupes extrémistes après leur libération, il ne restait plus au président Obama qu'une solution : ne plus renvoyer chez eux les détenus yéménites, au prétexte que la situation qui règne dans leur pays est «confuse». S'il préfère temporiser pour les autres, il entend aussi se dédouaner de la responsabilité d'un problème hérité de son prédécesseur. Ainsi, il fera intervenir son conseiller à la sécurité pour assurer à ses électeurs que les ex-détenus de Guantanamo retournés au combat ont été libérés par la précédente administration du président George W. Bush. Le conseiller d'Obama ira même jusqu'à expliquer qu'il n'existe «aucun récidiviste soupçonné ou confirmé», transféré pendant l'actuelle administration. L'honneur est sauf, et la promesse de débarrasser l'Amérique de son lourd fardeau de Guantanamo peut attendre et ce, d'autant que, «quand les détenus de Guantanamo retournent se battre, ils ne s'intéressent plus à ce qui se passe au Pakistan, en Afghanistan ou en Irak. Ils constituent un groupe de gens qui veulent attaquer les Etats-Unis». C'est le plus haut responsable américain de la commission du renseignement, Peter Hoekstra, qui le dit.