Au moins 71 civils ont été tués lors d'une frappe aérienne menée par l'armée le week-end dernier, à proximité de la frontière afghane, ont affirmé hier des rescapés et un responsable pakistanais. Le même responsable a précisé que les autorités avaient donné l'équivalent de 125 000 dollars (92 025 euros) aux familles en compensation de la mort de leurs proches tués dans un village isolé de la zone tribale de Khyber. Le porte-parole de l'armée, le général Athar Abbas, a nié lundi toute perte civile, affirmant que la frappe de l'armée de l'air visait un rassemblement d'insurgés sur les lieux de la frappe. Mais deux rescapés interrogés à l'hôpital de Peshawar hier ont donné des détails sur l'attaque de samedi, expliquant que des civils avaient été tués en tentant d'aider des habitants piégés dans une maison détruite par une première frappe. «Cette maison a été bombardée sur une fausse information», a déploré Khanan Gul Khan, habitant du village qui rendait visite à un proche. «Cette zone n'a rien à voir avec les insurgés.» Il a souligné que de nombreuses familles du village de Sara Walla avaient des fils servant dans l'armée pakistanaise et que les habitants coopéraient avec l'armée. Samedi, les insurgés avaient confirmé que les frappes aériennes avaient eu lieu dans la zone tribale de Khyber, à la frontière afghane, faisant quarante-cinq tués parmi la population civile. Les insurgés avaient précisé que la première vague d'attaque de l'aviation pakistanaise avait d'abord touché une maison où se trouvaient des gens et, quelques minutes plus tard, quand d'autres sont venus extraire les corps des décombres, les avions ont attaqué à nouveau. Le raid a été confirmé par un porte-parole militaire qui a dit tout ignorer du bilan. Par ailleurs, l'ONU a indiqué lundi que près de 210 000 personnes ont fui l'offensive lancée il y a quelques semaines par les forces pakistanaises contre des militants talibans dans la région tribale d'Orakzaï (nord-ouest du Pakistan). L'armée pakistanaise a intensifié ses opérations dans le secteur, théâtre de bombardements constants. Quelque 300 insurgés islamistes ont été tués depuis la mi-mars, selon un bilan des autorités pakistanaises qui n'a pas pu être vérifié de source indépendante.