La brouille diplomatique entre la Libye et la Suisse est-elle finie ? Pour Tripoli, le règlement du contentieux sur les visas ne signifie pas la fin du différend. La Jamahiriya exige toujours un arbitrage international pour tirer définitivement un trait sur cette affaire. Berne acceptera-t-il un règlement international de cette crise, née de l'interpellation musclée de l'un des fils du président Al-Kadhafi à Genève ? Les autorités de Tripoli attendent de voir ce qu'il en sera à l'avenir. D'ici à ce que l'honneur de la famille présidentielle soit lavé, des excuses de la Fédération helvète seraient les bienvenues, le colonel Mouamar Al-Kadhafi remonte au front diplomatique. Non pas pour exhorter l'Autorité palestinienne à renoncer à négocier avec Israël et à reprendre la lutte armée, selon des délégués au dernier sommet de la Ligue arabe, à Syrte. Mais pour exhorter, cette fois-ci, la communauté internationale à soutenir la politique «sage» du président Barack Obama. Sans aucun doute, le guide de la Jamahiriya libyenne est admiratif des efforts entrepris par le patron de la White House en faveur de la paix et pour un monde sans armes nucléaires. Le président libyen serait-il beaucoup plus optimiste que son homologue français qui s'est refusé catégoriquement à ce que la France procède ne serait-ce qu'à la réduction de son arsenal nucléaire ? Nicolas Sarkozy a le droit d'afficher le pessimisme qui lui convient, Mouamar Al-Khadafi a choisi de croire en la sagesse d'Obama, à la veille de l'ouverture du sommet sur la dénucléarisation que le régime chiite de Téhéran a tenu à organiser pour rappeler une énième fois que la seule puissance détentrice d'un armement nucléaire au Proche-Orient se nomme bel et bien Israël. Le guide de la Jamahiriya croit-il qu'un jour l'administration Obama puisse convaincre son fidèle allié israélien à se débarrasser de son arsenal atomique et à délaisser à jamais sa politique d'ambiguïté entourant ce secret d'Etat ? Et puis quoi encore ! Faudrait-il d'abord que le président Obama parvienne à convaincre l'Etat hébreu de mettre un terme à sa colonisation et faire preuve de bonne foi, en vue d'une reprise des pourparlers de paix. A moins que l'appel d'Hillary Clinton à Netanyahou à faire preuve de sincérité dans le processus de paix suffit à la création d'un Etat palestinien avec Al Qods Est pour capitale. Mais quand on sait ce que le prix Nobel Elie Wiesel pense du partage de la ville sainte, qui est pour lui au-delà des politiques, il n'est pas sorcier de savoir à quoi s'attendre. La politique sage d'Obama, que le colonel Al-Kadhafi n'a pas manqué de saluer, permettra-t-elle de relancer les négociations de paix palestino-israéliennes à l'automne prochain, imposer la dénucléarisation à Israël étant un acte impensable ? Pour son prochain anniversaire, le président Obama pourrait bien imiter la reine Elizabeth d'Angleterre qui vient d'adresser par courrier ses «meilleurs vœux» à Shimon Peres et à ses concitoyens, à l'occasion du 62e anniversaire de l'«indépendance» d'Israël, proclamée unilatéralement. Espérons que le guide de la Jamahiriya aura eu raison de soutenir le «sage» Obama bien qu'un monde dénucléarisé sur lequel existerait l'Etat de Palestine n'est pas pour demain.