«Maintenant que tu es en Algérie, je peux faire tout ce que je veux de toi», lance une mère à sa fille qui ne tenait pas en place, en attendant son tour pour présenter son passeport à la police de débarquement. Une tape a suivi ces paroles, bien entendu. Un geste des plus anodins, pourtant inadmissible dans les pays où l'on réprime les parents qui corrigent leur progéniture par des coups, quelle que soit leur nature. En Europe, malgré la sensibilisation continuelle de la société sur ce problème, des millions d'enfants se trouvent victimes de violences en tout genre, notamment les châtiments corporels, les abus sexuels, l'exploitation des enfants etc. Que dirait-on donc d'une société où les campagnes de sensibilisation manquent et les tabous dissuadent de se confier. En Algérie, un pas a été franchi dans ce sens grâce aux actions de Nada, un réseau activant dans la protection et la défense des droits de l'enfant qui a lancé un numéro vert, 30 33, du programme je t'écoute, en 2008. Depuis, plus de 8000 appels téléphoniques ont été reçus, d'après le président du réseau, Abderrahmane Arar. Des appels dénonçant, selon lui, tous types de violence et de maltraitance à l'encontre des enfants. «Le numéro vert a servi à maîtriser le mécanisme d'accompagnement et de gestion des situations difficiles et d'urgence», a-t-il déclaré lors d'une journée organisée jeudi au siège du ministère de la Solidarité et consacrée à la protection de l'enfant contre les violences sexuelles. Une rencontre qui a vu la participation de Acting for live, ONG internationale, dont l'apport a permis l'échange d'expériences en matière de sensibilisation et de renforcement des capacités dans le domaine de la violence sexuelle contre les enfants. «Approfondir la réflexion sur les priorités en termes de renforcement des capacités dans ce domaine, sensibiliser les acteurs concernés sur les moyens et les mécanismes, élaborer un cadre de protection de l'enfance et accompagner durablement l'enfant, victime d'abus sexuels en l'écoutant, en l'accueillant et en l'hébergeant, sont nos priorités». L'enfant est intimidé, il se sent déshonoré et honteux Il l'est, en particulier, en cas d'abus sexuel. Comme il a tendance à se replier sur lui-même. Et c'est à la société de faire en sorte qu'il y ait des portes ouvertes et des oreilles attentives à la confidence. Surtout dans des milieux où les enfants eux-mêmes s'habituent aux châtiments corporels et normalisent les coups de ceinture et les gifles qu'ils subissent, les considérant comme de simples corrections et où ces abus sexuels, dont les incestes qui occupent une place importante, sont étouffés par honte. La violence à l'égard des enfants est rarement sanctionnée dans une société comme la nôtre. Une raison de plus pour faire doublement attention à ce problème. D'autant que les victimes méconnaissent, en général, les voies de recours qui leur permettent de faire cesser ces pratiques. Les enfants maltraités ne savent pas, en effet, à qui s'adresser ni comment le faire. C'est pour cela que l'on ne parlera jamais assez de ce sujet et c'est pour cela, également, que des réseaux, tels que Nada, sont là pour en parler.