«La production halieutique baissera fortement en 2011. Le volume des prises prévues pour l'année en cours ne dépassera pas les 99 000 tonnesé, ont indiqué des professionnels du secteur, contactés hier. Nos interlocuteurs, tous des professionnels de la pêche, avancent plusieurs arguments expliquant la dégringolade de la production halieutique nationale. Il s'agit, en général, du «dysfonctionnement dans les différentes filières du secteur, prises dans les zones interdites, désastre écologique causé par la sécheresse des oueds (les embouchures constituaient des bases d'alimentation pour les espèces marines) et la pollution du pourtour méditerranéen, particulièrement le littoral algérien». Ils soulèvent également un nombre élevé de bateaux en activité, soit 1200 unités de pêche employant 52 000 marins pêcheurs». Dans un rapport qu'elle a publié hier sur la situation mondiale des pêches et de l'aquaculture 2010, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) indique que «la contribution du poisson à l'alimentation a atteint en moyenne un record de près de 17 kg par habitant et le poisson assure au moins 15% des besoins moyens en protéines animales de plus de 3 milliards de personnes». Le même rapport indique que «cet accroissement s'explique principalement par le développement de l'aquaculture qui est appelée à dépasser les pêches de capture comme source de nourriture». Cependant, il est à souligner qu'«aucune amélioration n'a été observée dans la situation des stocks halieutiques mondiaux». Si la consommation de poisson augmente dans le monde, en Algérie, et selon le président du comité national des marins pêcheurs et poissonniers, Bellout Hocine, «l'algérien a du mal à dépasser le panier de 5 kg par an». D'après les dires de professionnels du secteur, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, «les citoyens algériens ne mangent pratiquement pas de poisson. Ils ne le connaissent que durant les cérémonies». Une solution, l'aquaculture Depuis 2001, les pouvoirs publics insistent pour le développement de l'aquaculture. Il est vrai que les fermes aquacoles pourraient constituer une alternative et ce, pour combler le déficit constaté dans la pêche traditionnelle. L'ancien ministre des ressources halieutiques, Smaïl Mimoun, avait déclaré que 6,4 millions d'alevins des variétés carpe argentée et carpe grande bouche ont été à cet effet importés de Hongrie pour relancer et booster la production aquacole. A ce jour, ce sont 524 projets qui ont été réceptionnés dans le domaine de l'aquaculture. Selon le ministère de tutelle, «la production aquacole a connu une nette amélioration après l'application du Plan national de développement de l'aquaculture (Pnda). En outre, il faut signaler l'introduction réussie de l'aquaculture continentale, dans le sud notamment, où plusieurs fermes modernes et des centaines d'exploitants agricoles élèvent le tilapia du Nil. Les résultats sont des plus encourageants.
La pêche illicite représente de 10 à 23 milliards de dollars
Présentement, «les pêches et l'aquaculture font vivre 540 millions de personnes, soit 8% de la population mondiale. La planète n'a jamais consommé autant de poisson et le secteur assure, de façon directe et indirecte, un nombre d'emplois sans précédent (…). A l'autre bout de l'échelle, 15% des groupes de stocks suivis par la FAO étaient estimés sous-exploités (3%) ou modérément exploités (12%) et, par conséquent, capables de fournir des captures supérieures au niveau actuel», est-il noté. Le même rapport avance que «la pêche illicite non déclarée et non réglementée représente de 10 à 23 milliards de dollars par an». Sur ce point, les rédacteurs de cette étude proposent «la création d'un registre mondial de pêche, sous forme de numéro d'identification unique à vie pour chaque navire, indépendamment des changements de propriétaire ou de pavillon. Cette mesure de transparence faciliterait le travail de la police maritime luttant contre les activités de pêche illégale». S'agissant de la production mondiale, le rapport indique qu'elle a dépassé «les 145 millions de tonnes pour la seule année de 2009, dont une grande partie est assurée par l'aquaculture, avec une croissance annuelle de près de 7%».