Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, a qualifié hier les animateurs de la marche de samedi 12 février regroupés au sein de la CNCD, de «mouvements minoritaires». Intervenant hier matin sur Europe 1, le chef de la diplomatie a lié l'organisation des dernières marches à Alger, celle du RCD datant du 22 janvier et celle de la Coordination nationale pour le changement démocratique du 12 février, aux événements qui se sont produits en Tunisie et en Egypte. Toutefois, il a ajouté que «l'Algérie n'est ni la Tunisie, ni l'Egypte» et que «la démonstration dans ces deux pays n'est pas sans nous rappeler ce que nous avons vécu en 1988. Cependant, nous ne pouvons pas ne pas encaisser en termes de contrecoup». Selon Medelci, les évènements ayant lieu en Tunisie et en Egypte «réveillent en Algérie certaines voix qui sont minoritaires d'une manière extrêmement claire pour tous. Ces minorités n'ont pas pu améliorer leur score et je pense que d'une marche à l'autre, elles ne feront pas mieux», a-t-il déclaré en faisant allusion à la décision prise le dimanche par les animateurs de la CNCD d'organiser chaque samedi une marche à Alger. Lors de la marche initiée par la CNCD à Alger, des personnes ont été interpellés par la police déployée en grand nombre dans la capitale. Pour le ministre des Affaires étrangères, «ces interpellations ont été faites à la suite des provocations émanant des manifestants à l'endroit des forces de l'ordre». Il a souligné à ce propos «le sens exceptionnel de la retenue dont ont fait preuve les services de sécurité qui ont reçu des coups et qui n'ont pas répondu». Il a également insisté sur le fait que «toutes les personnes qui ont été interpellées au courant de la journée de samedi ont été relâchées au bout de quelques heures». «La levée de l'état d'urgence dans les prochains jours» Au sujet du communiqué rendu public dimanche par les Etats-Unis d'Amérique, où il est mentionné, entre autres, que l'Administration Obama «prend acte des manifestations actuelles en Algérie et appelle à la retenue les forces de sécurité», Mourad Medelci a qualifié cette réaction de Washington de déclaration «prudentielle». Il a écarté d'un revers de la main «le fait que les services de sécurité algériens matraquent les manifestants». Il en veut pour preuve le fait «qu'au courant de cette année, le nombre de blessés se situe beaucoup plus au niveau des services de sécurité que du côté des manifestants», a t-il indiqué en faisant allusion aux affrontements qui ont éclaté début janvier dans plusieurs villes du pays. Il va sans dire que les USA n'étaient pas les seuls à réagir au sujet des manifestations en Algérie. En ce sens, le ministre des Affaires étrangères allemand, Guido Westerwelle, a indiqué hier que «le gouvernement allemand appelle le gouvernement algérien à renoncer à tout recours à la violence», en évoquant les manifestations de samedi dernier. Le chef de la diplomatie allemande a ajouté qu'il s'agit «de manifestants désireux de liberté qui ne font rien d'autre qu'exercer un droit humain, à savoir le droit de défendre dignement leur point de vue. C'est pourquoi nous condamnons toute forme de recours à la violence». De son côté, Bernard Valero, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, a indiqué hier que «la France souhaite que les manifestations en Algérie puissent se dérouler librement et sans violence». «S'agissant des manifestations organisées à Alger et dans certaines grandes villes, ce qui est important à nos yeux, c'est que la liberté d'expression soit respectée et que les manifestations puissent se dérouler librement et sans violence», dira en effet le représentant de la diplomatie française. Le Parlement européen avait également critiqué dimanche le maintien de l'Etat d'urgence en Algérie. A ce propos, Mourad Medelci a fait savoir sur les ondes de la Radio Europe1 que «la levée de l'état d'urgence devra intervenir dans les prochains jours».