Trois étudiants au moins ont été blessés lors des affrontements entre deux clans d'étudiants de l'université de Bouzaréah (Alger), qui ont éclaté dimanche soir avant de reprendre hier matin. Un étudiant touché par un tesson de bouteille avait du sang sur le visage, un autre avait un pansement sur le front, alors que le troisième exhibait un certificat médical pour coups reçus. Ces heurts se sont produits alors que le campus est paralysé depuis cinq jours par une grève, à l'appel du comité autonome des étudiants, pour dénoncer l'agression d'une étudiante «dans l'enceinte de l'université par des personnes étrangères», selon des témoins. Le comité exige aussi plus de sécurité sur le campus, qui ne dispose pas de moyens adéquats de protection. Des «bagarres» avaient mis aux prises les adhérents des organisations syndicales des étudiants dont l'Ugel, l'Unea, l'UNJA à ceux du comité autonome. Les portes des départements ont été défoncées par les organisations syndicales qui ne voulaient pas adhérer au mouvement de grève. Pour elles, le comité est manipulé par des partis politiques. Au centre du campus, c'est le désordre total, avec des attroupements incontrôlables qui peuvent dégénérer à tout moment. Choqué, Yacine, étudiant en 2e année, nous a expliqué que «notre première revendication était centrée sur notre protection contre les intrusions d'étrangers mais maintenant le danger vient de l'intérieur. Les organisations syndicales tentent de récupérer le mouvement mais sans y parvenir, en raison du nombre important des adhérents au comité». «Devant cette situation, ils utilisent la force contre nous», a-t-il dit. Pour sa part, Ibtissem, 3e année en langue anglaise, nous a affirmé qu'«elle a été menacée par quatre personnes alors qu'elle prenait des photos des portes défoncées», ajoutant que sans l'intervention des étudiants, elle aurait certainement été agressée. «Ceux qui sont venus pour casser cette grève étaient armés de couteaux, de barres de fer et de tessons de verre», a-t-elle tenu à dire. Des membres du comité autonome que nous avons approchés ont démenti ces accusations et expliquent qu'ils «ne véhiculent aucune idéologie et qu'ils n'appartiennent à aucun parti politique». Ils en veulent pour preuve l'autofinancement de leur organisation, contrairement aux autres. Interrogé sur la réaction de l'administration, Kamel, membre du comité, indique qu'elle a affiché un appel pour la reprise des cours.