Une conférence nationale des sages de tribus libyennes abritée à Tripoli, dont les travaux ont pris fin vendredi, a salué la position algérienne refusant l'ingérence dans les affaires internes des pays. Des délégations algérienne, égyptienne, marocaine, maltaise et tunisienne ont assisté aux travaux. Prenant la parole, Sadek Bouguettaya, parlementaire du Front de libération nationale (FLN), a dénoncé les raids effectués par les alliés engagés dans l'opération militaire étrangère en Libye. Les présents se sont levés pour scander «vive l'Algérie». Des images ont été diffusées par la chaîne de télévision libyenne Al Jamahiriya. Une polémique est née quant à cette participation. D'aucuns se posent la question de savoir si le parlementaire du FLN s'est exprimé en son nom personnel ou au nom de son parti politique. Il semblerait que Sadek Bouguettaya faisait partie d'une délégation du FLN invitée au congrès populaire soutenant le régime de Mouammar El Kadhafi. La position officielle de l'Algérie étant neutre, ne s'alignant ni sur le régime de Mouammar El Kadhafi ni sur les «insurgés», refusant l'ingérence dans les affaires internes des pays, s'exprimant contre l'intervention militaire étrangère, et exprimant ses craintes sur la situation actuelle prévalant en Libye, avec la circulation d'armes qui pourrait profiter au terrorisme. La même crainte a été exprimée mercredi dernier par le ministre de l'Intérieur français, Claude Guéant, dont le pays participe à l'opération militaire en Libye, selon lequel «une quantité terrible d'armes circule en Libye, dont une partie pourrait avoir été récupérée par l'Aqmi et transférée au Sahel. «Il faut savoir que compte tenu de la situation en Libye, un certain nombre d'armes ont quitté ce territoire pour aller vers la zone occupée par Al-Qaïda au Maghreb islamique, en particulier au Mali», a déclaré sur la radio RTL le ministre français, qui s'est dit «particulièrement inquiet» pour les quatre otages français d'Aqmi dont la libération a été conditionnée, rappelle-t-on, par le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC ou Aqmi), par le paiement d'une rançon de 90 millions d'euros. L'Aqmi consacrerait une grande partie de l'argent provenant de paiement de rançons à l'achat d'armes et de munitions. Avant le ministre français de l'Intérieur, l'Algérie, appelant à une solution politique en Libye et au dialogue entre toutes les parties en conflit ainsi que le lancement de réformes, avait tiré la sonnette d'alarme sur le profit que le terrorisme pourrait tirer de la situation actuelle, avec la circulation abondante d'armes et de munitions, et les conséquences de l'intervention militaire étrangère dans ce pays gagné par ce qui s'apparente de plus en plus à une guerre civile. Le ministre malien des Affaires étrangères, Soumeylou Boubeye Maïga, a indiqué, quant à lui, dans un entretien mardi au journal Le Monde, que les autorités de son pays avaient «enregistré sur (leur) territoire un afflux d'armes lourdes volées dans les arsenaux libyens». Ce qui donne encore raison aux craintes exprimées par l'Algérie et renforce sa position invitant au dialogue, aux lieu et place de la violence qui ne peut que profiter au terrorisme.