L'audience du procès des assassins présumés du chanteur kabyle Lounès Matoub devant le tribunal criminel de Tizi Ouzou, à 110 km à l'est d'Alger, a été une nouvelle fois suspendue lundi après une altercation entre Malika Matoub, la sœur de la victime, et le juge. Lors de la reprise de l'audience après une première suspension, Malika Matoub a réagi à la lecture de l'arrêt de renvoi en hurlant qu'il ne fallait pas citer le nom de son frère. "Pour moi, dans l'affaire de mon frère, ces deux là (les accusés) n'ont rien à voir (...) Trouvez d'autres chefs d'accusations pour les deux accusés mais ne citez pas l'assassinat de mon frère", a déclaré Malika Matoub, invitée à s'expliquer par le juge. Le juge a souligné que la loi exigeait que l'arrêt de renvoi soit lu en entier, et que le procès aurait lieu quitte à faire évacuer la salle, avant de suspendre l'audience. L'audience avait été suspendue une première fois quand Malika Matoub et sa mère Aldjia Matoub ainsi que les membres de la fondation Matoub Lounès avaient clamé dans la salle d'audience "libérez Madjnoun et Chenoui, ramenez les vrais commanditaires". Lounès Matoub, chanteur porte-drapeau de la culture et de l'identité berbères, a été assassiné à 42 ans, le 25 juin 1998, par un groupe armé islamiste au lieu-dit Tala Bouinane, à 5 km de Tizi Ouzou. Hassan Hattab, ex-chef du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) avait revendiqué l'assassinat de Lounès Matoub en mai 1999 et s'était rendu en octobre 2007 aux autorités qui l'ont placé depuis en "lieu sûr". Le tribunal de Tizi Ouzou ne juge que Malik Madjnoun et Abdelhakim Chenoui, en prison depuis 12 ans, accusés d'avoir participé à l'attentat attribué à un groupe de dix personnes, dont huit sont en fuite ou ont été tuées par les forces de sécurité. Chenoui, qui avait commencé à crier "je suis innocent", a été évacué de la salle.