La rentrée sociale s'annonce un peu particulière à Tizi Ouzou. Et pour cause, dans le domaine des transports, le nouveau plan de circulation mis en place depuis quelques semaines suscite les plus folles appréhensions chez les voyageurs. Déjà que cet été a connu d'innombrables perturbations - l'été étant de coutume une saison où la pression baisse considérablement sur les transports en raison des vacances scolaires-, la rentrée s'annonce bien chaude. Il suffit de se rendre à un arrêt de bus, n'importe où à travers les rues de la ville des Genêts, pour mesurer le désarroi dans lequel se trouvent les voyageurs qui ne savent plus où donner de la tête. Certains montent plusieurs fois dans un bus avant de se rendre compte que ce n'est pas la bonne destination, de descendre et d'attendre le passage d'un autre bus. Les stations intermédiaires ou le cauchemar en continu Au niveau des stations intermédiaires, aussi bien au niveau de celle du Pont de Bougie, d'Oued Aïssi ou encore de Béni Douala, la vie des voyageurs et même des transporteurs n'est pas de tout repos. Ces derniers sont exposés aux caprices de la nature. Les stations qui manquent de commodités, voire même d'abris pour échapper au soleil brûlant sont synonymes de cauchemar. C'est le même cas à la gare multimodale de Kef Naâdja. Les voyageurs à destination de certaines localités, comme Azazga ou Bouzeguène, pour ne citer que celles-là souffrent le martyre. Ils attendent un hypothétique bus venant d'Alger (ces lignes ne sont pas bien desservies et certains sont contraints d'attendre les bus qui font la navette Tizi Ouzou-Alger pour rejoindre leur lieu de résidence) sous un soleil de plomb. Durant les derniers jours du mois de Ramadhan, nous avons constaté sur place les souffrances qu'endurent les voyageurs qui vont vers les deux destinations citées plus haut. C'est particulièrement éprouvant. Les attentes et les souffrances sont les mêmes pour les voyageurs à destination de localités éloignées comme Draâ El Mizan, Tizi Ghennif, etc. Au niveau de la station d'Oued Aïssi, les souffrances sont indescriptibles. Les voyageurs et les transporteurs, «jetés» dans une terrain vague qui fait office de gare ne savent plus où donner de la tête. Ils n'arrêtent pas de grincer des dents. D'ailleurs, les transporteurs eux-mêmes, excédés par tant de manques et de souffrances, avaient enclenché, il y a quelques semaines un mouvement de grève, et avaient même décidé de regagner l'ancienne station à côté du stade du 1er-Novembre, avant de revenir sur cette décision après que des promesses leurs aient été faites pour aménager la station. A tout cela, s'ajoute le climat d'insécurité qui y règne. Au-delà de 18h, rien n'est sûr en ces lieux désertiques. Pour rappel, il y a quelques jours, deux jeunes filles ont été victimes d'une agression caractérisée au niveau de la gare d'Oued Aïssi. Elles ont été délestées de leur argent et de leurs téléphones portables par une bande de voyous, alors qu'elles attendaient un taxi-bus pour rentrer chez elles. Les deux autres gares intermédiaire présentent les mêmes risques. Avec l'arrivée de l'automne et de l'hiver, période de l'année durant laquelle les journées sont très coutres, les risques d'agressions augmentent en conséquence. En plus, il est presque impossible de faire demi-tour pour quelqu'un qui arrive tardivement au niveau de ces gares qui sont désertées par les transporteurs dès 18h, voire même avant en hiver. Les prix, une autre source de colère L'annonce faite d'augmenter le prix du transport vers certaines destinations risque d'être à l'origine d'un mouvement de contestation qui sera mené cette fois-ci. D'ailleurs, au lieu de procéder à une réduction du prix, car les fourgons n'arrivent plus en ville, par exemple, les transporteurs du versant sud-est s'arrêtent à plus de 10 km de Tizi Ouzou. Mais les prix restent inchangés. Le cas le plus édifiant sur ce qui s'apparente à une escroquerie est sans nul doute le cas de Tamda, une localité située à 10 minutes de route de la gare d'Oued Aïssi. Le prix du voyage Tizi Ouzou-Tamda était de 35 DA, pour un trajet de 16 km. Or, le prix est resté le même, mais pour seulement un trajet de 6 km. Puis, le voyageur doit encore débourser 15 DA de plus pour faire la correspon dance Oued Aïssi Tizi ville. C'est pourquoi, aujourd'hui, les voyageurs à destination de celle localité, notamment les travailleurs demandent à ce que l'entreprise de transport urbain et suburbain de Tizi Ouzou (Etuto) affecte au moins un bus pour cette localité afin d'atténuer un tant soit peu les souffrances des habitants soumis à une grave arnaque. Même les bus privés qui assurent les correspondances entre les différents points de la ville et les gares intermédiaires ont dû aligner leurs prix sur ceux de l'Etuto. Avant le prix du ticket était de 10 DA, aujourd'hui, il est de 15 DA. La situation dans laquelle baigne le secteur du transport urbain et suburbain à Tizi Ouzou est des plus catastrophiques. Personne ne peut prétendre le contraire. Ce secteur névralgique est surtout marqué par une nouvelle forme d'escroquerie, l'insécurité, la perte de temps, etc.