Mouammar Kadhafi se trouve toujours en Libye et bénéficie du soutien de son armée, a déclaré hier le porte-parole du dirigeant libyen déchu, Moussa Ibrahim. «Le dirigeant est en bonne santé, il a le moral (...) Evidemment, il est en Libye», a indiqué à Reuters Moussa Ibrahim joint par téléphone satellite. «Le combat est loin d'être terminé. Nous sommes toujours très puissants, notre armée est toujours puissante (...) Nous avons d'immenses régions de Libye qui sont sous notre contrôle», a-t-il ajouté. «Nous sommes en train de rassembler nos forces et nous libérerons chaque ville de Libye même si nous devons nous battre rue après rue, maison après maison, dans les années qui viennent», a-t-il conclu, refusant de dire où il se trouvait. Le guide de la révolution libyenne a appelé ses partisans au djihad jusqu'à la dernière goutte de sang et à résister à la compagne médiatique menée par les chaînes de guerre officielles occidentales, dont on peut citer France 24, Euronews, ainsi que les chaînes d'Etats arabes, Al Jazeera et Al Arabia, dont les propriétaires sont impliqués de manière directe dans la guerre contre le peuple libyen. Ces médias sont responsables des massacres des populations libyennes (plus de 60 000 morts) et de l'exode des milliers de citoyens et d'étrangers. L'Otan a admis ne pas savoir où se trouvait actuellement le colonel Mouammar Kadhafi. Le porte-parole de l'opération «Protecteur unifié» a dit ne pas disposer d'informations sur le sort de l'ancien Guide libyen, visé par un mandat d'arrêt international émis par la CPI et un avis de recherche international après la diffusion d'une»notice rouge» par Interpol. «Nous ne savons franchement pas s'il a quitté le pays», a déclaré le colonel Roland Lavoie lors d'un point de presse hebdomadaire sur la situation libyenne. Il «n'est pas apparu en public dans le pays depuis un bon moment (...) et nous ne disposons pas d'informations sûres sur l'endroit où il se trouve actuellement», a-t-il ajouté, en assurant : «La zone où les forces de Kadhafi opèrent se réduit, et elle est de plus en plus contestée.» Les membres de la famille de Kadhafi sont dispatchés dans la région. Seif al-Islam, le fils de Kadhafi le plus en vue, reste lui aussi introuvable. Hannibal, Mohamed et Aïcha ainsi que son épouse Safia sont réfugiés en Algérie tandis que Seif al-Arab et Khamis seraient morts. Selon une source gouvernementale nigérienne, Saadi Kadhafi, entré dans le nord du Niger dimanche, est arrivé mardi soir à Niamey, où il sera «sous bonne garde» des forces de sécurité nigériennes. 32 proches de Kadhafi ont été également accueillis au Niger et mis sous surveillance «pour des raisons humanitaires». Le Niger, qui a reconnu l'autorité du CNT, a promis de respecter ses engagements auprès de la justice internationale s'il y avait parmi eux des personnes recherchées. La grande offensive n'a pas été encore lancée Sur le terrain, les offensives d'envergures annoncées depuis plusieurs jours n'ont pas encore eu lieu sur les bastions pro-Kadhafi de Bani Walid, Syrte et Sebha, qui ont montré leur capacité à résister et même à contre-attaquer. A Bani Walid, les commandants hésitent toujours à lancer leurs troupes sur ce vaste oasis qui compte 52 villages et 100.000 habitants, la plupart armés. La bataille pour Syrte semble encore moins bien engagée, les combattants pro-CNT massés sur la route côtière à l'est comme à l'ouest étant encore à des dizaines de kilomètres de leur cible. Les avions de l'Otan ont, cependant, poursuivi leurs frappes mardi, essentiellement autour de Syrte et de Waddan, dans l'oasis de Djofra, précise le communiqué quotidien de l'Alliance. Nicolas Sarkozy en visite surprise aujourd'hui Les Etats-Unis allaient rouvrir dès que possible leur ambassade à Tripoli, a affirmé Jeffrey Feltman, sous-secrétaire d'Etat américain pour le Proche-Orient à l'issue de son entretien avec le président du CNT, Moustapha Abdeljalil. Les Etats-Unis poursuivraient leurs opérations militaires dans le cadre de la mission de l'Otan entamée en mars tant que cela sera nécessaire pour la protection des populations civiles. On annonce, par ailleurs, la visite probable du président français Nicolas Sarkozy qui pourrait se rendre dès aujourd'hui en Libye pour un visite surprise, ont révélé, hier, des médias sur la toile. A l'origine, un déplacement conjoint de Nicolas Sarkozy et David Cameron devait bien avoir lieu, mais dès que le régime de Mouammar Kadhafi serait neutralisé. La situation dans le pays a beau être toujours instable et loin d'être sous contrôle pour les insurgés, «le voyage est à l'étude depuis deux semaines, et le créneau envisagé a toujours été celui-là», a précisé une source élyséenne au Figaro. Pour assurer sa sécurité, le chef de l'Etat sera accompagné en plus des effectifs habituels d'une compagnie de CRS, soit près de 80 hommes, une première pour un voyage présidentiel. Outre une rencontre avec le président du Conseil national de transition (CNT), Moustapha Abdeljalil, et le Premier ministre Mahmoud Djibril, Nicolas Sarkozy ne se priverait, en effet, pas d'un bain de foule, indique Le Figaro. Contacté par 20Minutes, l'Elysée ne disposait pour l'heure d'aucune information sur ce déplacement. 3000 migrants bloqués dans le sud de la Libye Le nombre de migrants bloqués à Sebha dans le sud de la Libye avoisine actuellement les 3.000, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). «Sur ces 3.000 migrants, 2.000 sont Tchadiens et nous constatons maintenant qu'il y a également des personnes originaires de pays arabes et du Pakistan», a indiqué Jemini Pandya, porte-parole de l'OIM, lors d'un point de presse. «Le centre de transit et la ville elle-même sont presque à cours de vivres, il n'y a ni eau ni électricité». L'OIM avait demandé aux belligérants la semaine dernière de «protéger ces migrants» bloqués dans un centre de transit depuis le mois de juin et lancé un appel urgent pour que soient respectées les lois humanitaires internationales. Les rebelles libyens accusés de crimes de guerre Amnesty International a publié mardi un rapport intitulé «La bataille pour la Libye : assassinats, disparitions et torture», dans lequel elle dénonce des violations graves des droits de l'homme commises en Libye depuis le soulèvement dit du 17 février 2011. Les 112 pages du rapport révèlent essentiellement les exactions commises par les autorités libyennes aux ordres du colonel Kadhafi. «les forces de Kadhafi ont commis de sérieuses violations du droit humanitaire international», y compris «des crimes de guerre» et des actes pouvant être qualifiés de «crimes contre l'humanité». Néanmoins, le rapport d'Amnesty n'épargne pas les insurgés, à qui il consacre un chapitre entier. «Les combattants de l'opposition et leurs partisans ont enlevé, détenu arbitrairement, torturé et tué d'anciens membres des forces de sécurité soupçonnés d'être des loyalistes à Kadhafi, ont capturé des soldats et des étrangers soupçonnés à tort d'être des mercenaires combattant au sein des forces pro-Kadhafi. Aucune enquête indépendante et crédible n'a été menée par le Conseil national de transition (CNT), aucune mesure efficace n'a été prise à l'égard des responsables de ces abus». Concernant les insurgés, le rapport fait état de lynchages, d'actes de vengeance, de détentions de centaines de personnes, de tortures et de mauvais traitements ainsi que d'utilisation sans distinction de missiles par les rebelles. Amnesty International traite largement du sort des étrangers en Libye, travailleurs migrants pour la plupart, venant essentiellement des pays d'Afrique subsaharienne, et qui ont subi mauvais traitements et abus perpétrés par les deux parties belligérantes. L'ONG souligne ainsi que même au sein des territoires libérés, «des partisans de l'insurrection ont réalisé des descentes dans les maisons, des meurtres, des lynchages et d'autres attaques violentes contre des individus supposés être des mercenaires en raison de la couleur de leur peau». Le rapport souligne que des leaders de la rébellion dont le dirigeant du CNT Moustafa Abdel Jalil ont attisé le feu en répétant des déclarations irresponsables sur l'existence de mercenaires africains recrutés par Kadhafi contre son propre peuple. Pour Amnesty, il est important que tous ces crimes ne restent pas impunis et que leurs auteurs soient jugés, quel que soit leur rang ou leur camp, «afin de construire une Libye nouvelle sur les bases du respect des droits de l'homme et de l'Etat de droit».