Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) ajoute sa voix à toutes celles qui critiquent depuis des mois la méthode adoptée pour concrétiser «les réformes politiques» annoncées par le président de la République dans son discours à la nation du 15 avril 2011. Le projet présidentiel a été, en effet, conçu comme la révision d'une série de textes législatifs régulant plusieurs domaines de la vie publique (partis, élections, information, associations…) avant même de revoir la loi fondamentale du pays, pourtant prévue, qui doit inspirer les nouveaux textes. «Les réformes doivent commencer par la Constitution», a déclaré, hier matin, Aboudjerra Soltani qui était l'invité de la radio internationale. «Les nouveaux textes ont été conçus sur la base de l'actuelle Constitution de 1998. Si on ne révise pas d'abord celle-ci, ces textes risquent d'être dépassés après l'adoption de la nouvelle Constitution», explique-t-il. De plus, M. Soltani trouve que des dispositions de certains textes en cours de révision ont été élaborées en violation de la loi fondamentale, toujours en vigueur. Il en veut pour preuve cet article instituant, dans la nouvelle loi portant régime électoral, un quota pour les femmes dans les listes électorales (un tiers). Selon lui, ce «traitement de faveur» viole la Constitution algérienne qui stipule en son article 29 que «les citoyens sont égaux devant la loi, sans que puisse prévaloir aucune discrimination pour cause de naissance, de race, de sexe, d'opinion ou de toute autre condition ou circonstance personnelle ou sociale.» Outre son caractère anticonstitutionnel, cette clause «est irréaliste», ajoute l'invité de la radio internationale. «Un président de parti ment s'il prétend qu'il peut satisfaire à cette obligation dans les listes électorales des APC», déclare-t-il. Pour des raisons qui tiennent à la fois des traditions et de la culture, soutient cet ancien enseignant universitaire à Constantine, il est impossible de voir encore, dans certaines régions du pays, des femmes propulsées au-devant de la scène politique locale. «Cela est impossible dans mon propre village à Tébessa !» assure-t-il. Dans le cas où ce quota est maintenu dans le régime électoral actuellement en débat en plénière à l'Assemblée populaire nationale (APN), le MSP, selon son président, va présenter des listes dans 900 APC sur les 1541 communes que compte le pays. S'agissant des listes des APW et de l'APN, le parti ne doit pas rencontrer de difficultés. L'ancien ministre des Travaux publics suggère de retirer cet article critiqué aussi par le FLN, le parti actuellement majoritaire dans les assemblées locales. «La question (du quota aux femmes) n'a pas été bien étudiée», conclut M. Soltani.