Madame Saïda Benhabylès n'a pas la réputation d'être une opposante au pouvoir, c'est même dans son giron qu'elle a effectué l'essentiel de son parcours de femme publique. Dans le mouvement associatif incolore, inodore et surtout indolore, elle a fait ce qui était attendu d'elle, même si son «style» et son enthousiasme à faire d'une feuille de route un combat de titans la différenciait quelque peu des autres. On ne retient pas grand-chose de son passage au gouvernement comme ministre déléguée chargée de la solidarité et on ne lui connaît pas de retentissants coups de gueule au sein de l'«Association pour la promotion de la femme rurale» qu'elle préside depuis sa création. Pourtant, ce n'est pas le «boulot» qui manque dans le vaste espace qu'elle a investi pour son association et ce ne sont donc pas les raisons qui manquent pour piquer une grosse colère de temps en temps. Partie en Libye dans un «panel international», à la faveur des événements que connaît ce pays, elle est revenue avec des conclusions difficiles à saisir tant elles étaient alambiquées, à commencer par la question de savoir à quel titre elle a effectué cette «mission». De cette occasion, comme d'autres, on retient surtout ces colères sans risque ni péril, auxquelles nous a habitués depuis longtemps le monde associatif dont les capacités d'indignation sur des événements extra-muros sont étrangement aussi retentissants que leurs silences internes. Et quand Madame Benhabylès en arrive à cet inattendu coup de gueule suscité par «l'état dramatique et chaotique du système de santé algérien» avec des termes qu'on ne lui a jamais connu, on n'a pas besoin d'aller chercher très loin l'explication : ou le système national de santé a vraiment atteint les abysses, au point où personne – même pas madame Benhabyles – ne peut prendre les gants pour tirer la sonnette d'alarme. Ou alors il se prépare, à un autre niveau, un grand coup dans la fourmilière de la santé dont on s'empresse à revendiquer l'inspiration, comme on en a l'habitude. Les deux, manifestement. Des cancéreux guettés par la faucheuse à qui on donne rendez-vous dans… six mois pour une séance de radiothérapie et une présidente d'association BCBG qui va jusqu'à dire que «le malade algérien a perdu sa dignité»… Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir