La Russie est sous tension hier, des manifestations étant prévues dans tout le pays afin de contester le déroulement des élections législatives du 4 décembre dernier et les fraudes présumées survenues lors du scrutin. Le plus important rassemblement est observé dans le centre de Moscou, sur la place Bolotnaya entre 14h et 18h. Ses organisateurs affirment réunir près de 40 000 personnes, alors que la police évoque un chiffre de 20 000 manifestants. Des meetings sont eu lieu dans 40 villes du pays. Les manifestations ont démarré à Vladivostok, dans l'Extrême-Orient. D'après la police, environ 150 personnes ont pris part au rassemblement. Selon les organisateurs, ce chiffre varie entre 450 et 1.500 personnes. On pouvait notamment lire sur les banderoles : «Le poisson pourrit par la tête», «Liberté pour les personnes arrêtées à Moscou; prison pour les falsificateurs», «Nous sommes pour des élections propres», ou «Annulez les résultats des élections à la Douma». Différents meetings rassemblant plusieurs centaines de manifestants se sont tenus en Sibérie, notamment à Khabarovsk, Oulan-Oude, et Krasnoïarsk où 700 personnes étaient présentes. A Khabarovsk, la manifestation n'était pas autorisée par les autorités et à débouché sur une vingtaine d'arrestations. Le rassemblement le plus important se tient à Barnaoul (territoire de l'Altaï, Sibérie occidentale). Il réunit plus d'un millier de personnes. Vendredi soir, la Commission électorale a dévoilé les résultats définitifs des élections à la Douma, pratiquement identiques aux résultats préliminaires. Ils entérinent ainsi la victoire de Russie unie, le parti au pouvoir, qui obtient la majorité absolue (238 sièges). Il est suivi du Parti communiste (92 sièges), de Russie juste (64 sièges), et du parti libéral-démocrate (56). Les observateurs de l'OSCE chargés de surveiller le déroulement des élections ont indiqué avoir enregistré des violations commises lors du décompte des voix à l'issue du scrutin, dont des cas de bourrage des urnes. Le président russe Dmitri Medvedev a quant à lui ordonné de mener des enquêtes sur les irrégularités. Les fraudes présumées ont eu un grand retentissement en Russie. Les membres du Conseil pour le développement de la société civile et les droits de l'homme auprès du Président russe ont déclaré que la journée d'hier constituerait une «épreuve sérieuse». Il s'agit du plus important mouvement de contestation populaire de l'histoire récente de la Russie. Le premier ministre russe Vladimir Poutine a déclaré jeudi que les citoyens «devaient avoir le droit d'exprimer leur opinion» s'ils agissent «dans le cadre de la loi». L'affaire a déclenché une joute diplomatique entre Moscou et Washington, les Etats-Unis ayant soutenu différentes ONG chargées de surveiller le vote et ouvertement critiqué le déroulement des élections. La partie russe soupçonne quant à elle de vouloir profiter de la situation pour s'ingérer dans les affaires du pays.