Hier, lors du procès de l'attentat contre le Palais du gouvernement devant le tribunal criminel d'Alger, les avocats ont décidé de se retirer après avoir «relevé la violation du code de procédure concernant des recours introduits par la défense que la chambre d'accusation a refusés». L'avocat Me Sidhoum était le premier à déclarer : «Seule la Cour suprême est qualifiée pour statuer sur ces recours», s'interrogeant sur «les raisons justifiant le comportement du greffe et de la chambre d'accusation». Hormis les deux avocats absents, trois autres avocats ont tout simplement décidé de se retirer. Me Sidhoum, qui prônait le vice de forme dans la procédure, confirma sa démarche en indiquant au président d'audience, Tayeb Hallali, que «les recours ont été suivis d'un envoi télégraphique au procureur général et au greffier général». En ce sens, il lui remit la preuve matérielle consistant en la copie du télégramme. Ce dernier indiqua : «Nos clients sont des boucs émissaires et en tant qu'avocat, je saurai cautionner la démarche du président envers lequel j'éprouve un très grand respect.» Suite à cela, le président de l'audience a permis aux deux accusés dont les avocats étaient absents (Me Khiar Tahar et Me Derrich) de quitter le box pour se rendre aux geôles. «Nous ne pouvons accepter d'être jugés en l'absence de nos avocats», ont lancé les deux accusés avant de rejoindre les geôles. Un coup de théâtre qui a poussé le président à rappeler aux avocats que «cette démarche était arbitraire», tout en précisant son intention de tenir le procès qui, a-t-il rappelé, «a été renvoyé quatre fois». Cette décision a soulevé le courroux des avocats qui n'ont pas manqué de relever que «cette mesure est unique dans les annales de la justice algérienne car elle est caractérisée par la violation du sacro-saint droit du justiciable d'être représenté par un avocat dans les procès en criminelle», ajoutant que «cette mesure est en violation avec le code de procédure et le code pénal». Il convient de rappeler que 19 personnes sont impliquées dans l'attentat à l'explosif contre le Palais du gouvernement, le 11 avril 2007, et qui s'était soldé par un bilan de 20 morts et 222 blessés. Il est à préciser que 9 autres personnes identifiées sont encore en fuite et ont fait l'objet de mandats d'arrêt. A l'encontre de ces personnes, le président de l'audience a prononcé la peine capitale par contumace. Cette peine a concerné l'émir Abdelmalek Droukdel alias Abdelouadoud et huit autres individus, à savoir Abdeslam Samir, Salem Aït Saïd, Meziane Aït Saïd, Saïd Ziani, Rabah Ghiato, Toufik Chamini, Djamel Niche et Abderahmane Boudjelti. Il est à préciser que cet attentat meurtrier s'est produit au même moment que deux autres attentats visant le siège de la police judiciaire et l'unité de gendarmerie de Bab Ezzouar. Cela va sans dire que la décision du président a été accueillie avec satisfaction par la quarantaine de victimes composant la partie civile. Dès l'entame du procès, le président a appelé ces derniers afin qu'ils formulent leurs demandes allant dans le sens de leurs dédommagements. Pour l'heure et après la lecture du volumineux arrêt de renvoi, le président et ses assistants ont entamé le procès qui risque de s'inscrire dans la durée. Autrement dit, au vu des griefs (adhésion à groupe terroriste, instauration d'un climat de terreur, attentat à l'explosif et guet-apens) retenus contre les 9 personnes au banc des accusés, le procès risque de durer plusieurs jours.