La réunion tenue hier entre le syndicat des travailleurs grévistes, l'employeur étranger et la direction de l'entreprise du Métro d'Alger n'a pas abouti. Les travailleurs comptent sur l'intervention du ministre du Travail pour leur «rendre justice en raison du non-respect de la législation du travail». Les travailleurs en grève illimitée depuis le 21 novembre tiennent à la satisfaction de leurs revendications. Le groupement GMAC, composé de quatre entreprises étrangères (Andrade Gutierrez, Gesi TP, Zagope, Teixeira Duarte) est chargé de la réalisation des nouvelles stations à Ali Boumendjel, Abane Ramdane, Place des Martyrs et Marengo (Bab El Oued). Mais l'employeur est l'entreprise portugaise Zagope avec laquelle les 300 travailleurs ont signé des contrats d'une durée de trois mois renouvelable. «La grève sera poursuivie jusqu'à la satisfaction de nos revendications», nous a indiqué un des grévistes, sur le chantier de la place des Martyrs. Tout en décidant d'attendre le verdict de la justice, ils soulignent que l'entreprise portugaise les a estés en justice, qui a «déclaré la grève illégale». «Nous avons fait appel et nous attendons le verdict», ont-ils précisé. Les employés affirment que leur mouvement est légal et a pour objectif de réclamer des droits accordés par la législation du travail. Depuis le déclenchement de la grève, plusieurs travailleurs ont reçu des courriers pour leur signifier la fin du contrat de travail. Les travailleurs considèrent cela comme une pression pour les contraindre à reprendre le travail. «L'entreprise portugaise a mis fin aux contrats de certains travailleurs grévistes alors que le chantier est d'une durée de 42 mois», ont relevé les grévistes. Les travailleurs dénoncent «un licenciement abusif». Un ouvrier a été licencié alors qu'il est en congé de maladie suite à un accident de travail, a-t-on également appris. Le vice-président du syndicat, affilié à l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), a eu le même sort en raison de ses activités syndicales, déplore-t-on. Zagope limoge 68 travailleurs 68 travailleurs licenciés «abusivement» sont des pères de famille. Leurs collègues réclament leur intégration et interpellent le maître d'ouvrage (l'entreprise du Métro d'Alger) pour agir. Ils protestent aussi contre les agissements des responsables portugais qui les ont traités de «terroristes». «Nous travaillons dans notre pays et nous sommes traités de tous les noms», crient les grévistes. Parmi les revendications des employés figurent le payement des heures supplémentaires au-delà des huit réglementaires. Ils disent travailler pendant 12 heures/jour, soit 72 heures par semaine, qui ne sont rémunérés qu'à hauteur de 50%. Ils revendiquent aussi la revalorisation des primes. «Nous travaillons à 38 voire 40 mètres sous terre», ont-ils expliqué. «Malgré les multiples risques et périls, nous percevons de faibles primes de fond et de salissure. Pourtant, lors de la signature des contrats de travail, l'employeur avait promis des primes importantes qu'il n'a jamais accordées», dénoncent-ils. Un jeune rencontré sur les lieux a indiqué avoir eu l'intention de travailler sur ce chantier, mais il s'est rétracté en apprenant que «les travailleurs sont mal rémunérés». «J'ai travaillé pendant plus de dix ans sur d'autres chantiers du métro d'Alger et je constate que l'entreprise portugaise sous-paye ses travailleurs», fait-il savoir. Les grévistes notent que malgré les multiples primes prévues dans leurs fiches de paie, elles ne permettent pas de gonfler le salaire qui ne dépasse pas 50 000 DA, malgré la pénibilité du travail assuré. En dépit de ces «primes», les salaires sont bas, ont déploré les travailleurs. Les employés revendiquent une prime d'ancienneté et l'application de clauses contractuelles relatives aux heures de travail supplémentaires, le travail de nuit et les samedis. Les travailleurs des chantiers du métro qui ne sont pas à leur premier mouvement de protestation sont résignés à arracher leurs droits. Quant à l'employeur, nous avons tenté de le joindre pour connaître sa position, mais en vain.