Le Sahel sera-t-il un nouveau Yémen ou un nouveau Pakistan ? Les événements se succèdent dans la sous-région, apportant à chaque rebondissement un nouvel élément d'information accréditant cette thèse. La révélation faite par le quotidien américain Wall Street Journal dans son édition d'hier conforte cette orientation. Dans son édition d'hier, le Wall Street Journal a révélé que «de hauts responsables militaires et des services de renseignement américains envisagent d'ajouter sur une liste secrète des personnes à «tuer» le nom de celui qu'on surnomme M. Marlboro». Pour ce faire, les Américains envisageraient, selon cette publication, de recourir à des drones, comme ils le font au Yémen et au Pakistan. «Ajouter son nom à cette liste impliquerait une expansion militaire importante des Etats-Unis dans le nord-ouest de l'Afrique, à travers une extension des frappes de drones et des opérations de contre-terrorisme», a ajouté Wall Street Journal. Pour rappel, les Etats-Unis sont déjà en «discussions très avancées» avec le Niger pour l'installation d'une base pour drones et unités des forces spéciales. L'information a été donnée alors que l'intervention militaire française au Mali avait commencé. Selon le Wall Street Journal, la décision prise par les Américains d'ajouter Mokhtar Belmokhtar, alias Khaled Abou El Abbès, suite à la prise d'otages faite par des terroristes à la base-vie de Tiguentourine, à In Amenas. Khaled Abou El Abbès avait, rappelle-t-on, revendiqué cette attaque terroriste au nom de katibat El Moulatamine (phalange des signataires par le sang) créée par Belmokhtar en décembre 2012, peu de temps avant l'offensive lancée par l'armée française au Mali. L'organisation terroriste auteur de la prise d'otages relève de la brigade dite «El moulatamine» dirigée par Mokhtar Belmokhtar, ancien émir de la zone 9 du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), devenu Al Qaïda au Maghreb islamique. Belmokhtar avait, rappelle-t-on, été écarté par Abdelmalek Droukdel, alias Abou Mossaâb Abdelouadoud, émir national d'Aqmi, au profit de Abdelhamid Abou Zeid, désigné par ce chef terroriste émir de katibate Tarek Ibn Ziad, auteur de l'enlèvement de 32 touristes en 2003. Inquiétude au Sahel Quelques semaines avant l'offensive française au Mali, Belmokhtar s'était, rappelle-t-on, installé, avec ses acolytes, à El Khalil, agglomération malienne se trouvant à 4 kilomètres du tracé frontalier avec l'Algérie et à 14 kilomètres de Bordj Badji Mokhtar. C'est à bord de dizaines de véhicules équipés de mitrailleuses lourdes que les acolytes de Belmokhtar s'étaient installés à El Khalil, dépossédant les habitants de leurs véhicules et provoquant leur fuite vers la destination la plus proche, à savoir Bordj Badji Mokhtar, déclarée, depuis quelque temps, «zone militaire» par l'Armée nationale populaire (ANP). Il est, donc, peu probable qu'avec les frappes menées par les hélicoptères militaires et Rafale français au Mali, Belmokhtar et ses acolytes soient restés à El Khalil. Par ailleurs, l'utilisation de drones suscite l'inquiétude au Sahel. L'utilisation de cette arme a fait des centaines de morts parmi les civils en Irak, au Yémen et au Pakistan, selon des organisations non gouvernementales (ONG) internationales. Le Washington Post a révélé, dans son édition du 5 février 2013, l'existence d'une base secrète de drones américains en Arabie saoudite. Le quotidien connaissait l'existence de cette base depuis plus d'un an mais a préféré garder le secret (partagé par d'autres médias) à la demande du gouvernement Obama, a-t-il été rapporté.