Pour ne pas avoir respecté ses engagements salariaux et organisationnels, le géant mondial de l'acier est en butte à un bras de fer avec les syndicalistes sur son site d'El Hadjar, depuis dimanche. La réunion tenue hier entre la direction d'ArcelorMittal Annaba et le conseil syndical d'entreprise, portant sur la révision des salaires et des organigrammes ainsi que l'amélioration des conditions de travail, a été un échec total puisqu'elle n'a abouti à aucun résultat concret. Selon le procès-verbal de cette rencontre infructueuse, dont une copie a été remise à la presse, aucun des 12 points contenus dans la plateforme de revendications des travailleurs n'a eu l'aval de la direction au prétexte que leur usine, de manière particulière, et le groupe ArcelorMittal, de manière générale, traversent une conjoncture difficile. Le syndicat, qui a par ailleurs appelé les 7800 salariés de l'usine à «une lutte dure pour imposer des négociations à la direction», a mis en garde la direction d'ArcelorMittal des conséquences d'une telle attitude. Un membre du syndicat d'entreprise a annoncé avoir «saisi l'inspection du travail pour l'informer de la situation et exiger l'ouverture immédiate de discussions sur la base des engagements pris en août 2007». Le même syndicaliste a indiqué que les représentants des travailleurs sont actuellement réunis en conclave, en attendant que l'inspection du travail organise une réunion de conciliation. Notre interlocuteur a ajouté que «le groupe ArcelorMittal ne doit pas oublier que la paix sociale a été difficilement maintenue au sein du complexe durant trois années». Affirmant que le groupe réalise des bénéfices substantiels en Algérie, tout en différant continuellement les investissements de renouvellement des équipements, les membres du conseil syndical déclarent qu'il n'est plus possible d'attendre plus longtemps un geste fort de la direction. L'accord du 20 août prévoit, rappelons-le, un plan de modernisation et d'amélioration des conditions de travail, une autre revendication liée au mot d'ordre de grève des travailleurs. Il y a lieu de rappeler également que les négociations sur les augmentations salariales prévues pour juillet 2008 et finalement reportées à début 2009 étaient conditionnées par l'atteinte de l'objectif d'un seuil de production de 1,3 million de tonnes de produits finis, ce qui n'est pas le cas. Nos tentatives de joindre le DG d'ArcelorMittal, M. Bousquet, n'ont pu aboutir. Ce dernier, selon les responsables du complexe, était en déplacement. Les autres cadres ont refusé, eux aussi, de s'exprimer sur ce bras de fer, considérant qu'ils ne sont pas habilités à le faire.