Tout ce qui a été dit n'a eu aucun prolongement sur le terrain, bien au contraire. Depuis plus d'une année, le chef d'état-major de l'Armée algérienne, le général-major Mohamed Lamari, ne cesse de multiplier les déclarations pour dire qu'il n'y a aucun conflit entre l'institution militaire et la présidence de la République. Les sorties médiatiques du chef de l'armée vont au rythme des campagnes de certains cercles qui, coûte que coûte, veulent impliquer l'institution militaire dans leurs desseins politiques, notamment à l'approche de la présidentielle de 2004. A travers l'entretien accordé au journal français Le Point, le général-major semble avoir compris l'enjeu en déclarant: «L'armée reconnaîtra le prochain Président de la République élu, même s'il était islamiste.» La guerre politico-médiatique que veulent mener les détracteurs de Bouteflika n'aura d'impact à leurs yeux qu'en fourvoyant l'opinion publique sur un prétendu malaise entre l'armée et la présidence de la République. Aussi, ces mêmes cercles cherchent parfois leur crédibilité et celle de leurs thèses politiques dans les couloirs du ministère de la Défense. Ce qui explique, selon des spécialistes, la multiplication d'entretiens accordés par des «sources autorisées» de l'armée. Ceux-ci sont rendus publics à l'occasion des grands événements politiques que connaît le pays. Quelle sera donc la nouvelle stratégie de communication de l'armée pour se mettre au-dessus de la future bataille de la présidentielle qui est déjà entrée dans une phase active en ce début d'année 2003? La communication, c'est l'une des missions les plus sensibles pour la grande muette. Que l'institution militaire s'exprime ou au contraire adopte un mutisme somme toute naturel pour une institution de cette nature, cependant quelle que soit la réaction de l'armée, on assiste toujours à une profusion de commentaires récurrents de différentes parties qui tentent, chacune de son côté, d'interpréter l'attitude de l'ANP selon ses intérêts. La dernière conférence animée par le général-major Lamari, au siège du ministère de la Défense, qui a focalisé l'attention de l'opinion nationale et laissait comprendre que ce sera sa dernière sortie médiatique, n'a, semble-t-il, pas apaisé les appétits des politiciens. Ces derniers veulent à tout prix accréditer l'idée selon laquelle, il y a un problème entre Bouteflika et Lamari. Seulement, tout ce qui a été dit n'a eu aucun prolongement sur le terrain, bien au contraire. Les relations entre le Président et le chef d'état-major sont tout ce qu'il y a de plus normal dans une République qui se respecte.