Cette manifestation, malgré les lacunes recensées, a été, en fait, une occasion de montrer les talents de nos artistes. Sous le patronage du Président algérien, M.Abdelaziz Bouteflika, et de son homologue émirati, le Cheikh Zayed Ben Soltane Al Nahyane, Abu Dhabi, la capitale politique des Emirats arabes unis, a abrité du 22 au 28 février 2003, la Semaine culturelle algérienne. Pour animer cette grandiose manifestation, qui se voulait une occasion de montrer la richesse culturelle de notre pays et le talent de nos artistes, une forte délégation algérienne, composée de plus d'une centaine de personnes, dont des artistes, des chanteurs, des danseurs de ballet, des comédiens, des peintres et des éditeurs, s'est déplacée d'Alger, vendredi 21 février 2003. Chapeautée par le ministère de la Culture et de l'Information, représenté par M.Tayeb Belalia, directeur des Arts et des lettres, et l'Office national de la culture et de l'information (ONCI), dirigé par Lakhdar Bentorki, la soirée inaugurale eut lieu le 22 février 2003 en présence du ministre de l'Intérieur émirati et du ministre algérien du Travail et de la Solidarité, venu avec la délégation en remplacement de la ministre de la Culture et de l'Information, Khalida Toumi, qui n'a pu venir personnellement. Un cocktail de variétés algériennes, animées par des chanteurs algériens venus représenter tous les coins de notre vaste Algérie, agrémentées de danses folkloriques accomplies avec brio par le jeune ballet de l'ONCI, fort prometteur, à sa tête Mme Sahra, a ému au plus profond la communauté algérienne résidant à Abu Dhabi, venue sentir l'odeur de son pays natal, et a énormément plu aux spectateurs émiratis venus par curiosité faire connaissance avec la culture algérienne. Le public a eu droit, durant cette soirée, au rythme algérois avec Nadia Benyoucef et Samir Toumi, au sahraoui avec Mohamed Laâraf, au chaoui avec Hacène Dadi, au Tlemcénien avec Rym Hakiki, au kabyle avec Hacène Ahras; ils ont apprécié le talent de Dib Layachi, Nada Rayhane, Mohamed Boulifa, Djellouli Al Hadj Nadjem et Mohamed Adjami. Le ballet chorégraphique les a éblouis avec des danses folkloriques de l'Algérois, des Aurès, des Hauts-Plateaux et du fin fond du Sahara avec la danse du tindi qui en a ravi plus d'un. La deuxième soirée inaugurale fut consacrée aux expositions prévues tout au long de cette semaine. Ainsi, le ministre émirati, accompagné de notre ministre et de la Famille, Mme Cheriet, est venu inaugurer une exposition de peinture, d'artisanat et de livres, au Centre culturel de Abu Dhabi. De nombreux tableaux d'artistes-peintres jeunes et moins jeunes, furent présentés par Mme Aïcha Haddad et M. Laâroussi, des artisans de Bouira et de Tipasa, présentèrent des produits d'artisanat en céramique et en poterie, des gandouras «fergani», des karakous de Constantine furent exposés, de Djelfa, ce furent des burnous traditionnels; quant au livre algérien, il était présent grâce à trois éditeurs publics, l'Anep, l'Enag et l'OPU et trois privés, Dar Houma, Casbah Editions et Dar Al Maârifa, qui ramenèrent près de cinq cents titres, toutes disciplines confondues, pour le plus grand plaisir de notre communauté algérienne résidant là-bas, qui n'a pas souvent l'occasion de voir la production littéraire nationale, étant donné qu'aucune représentation algérienne n'y a pensé, et qui en demandait beaucoup plus. Tout au long de cette semaine, des représentations de spectacle, de danse, des galas de variétés et deux pièces de théâtre Haïzia et Houb oua djounoun fi zaman el amdjhoul ont ravi les spectateurs avides de culture algérienne, et qui se réjouissaient et appréciaient malgré la désorganisation, les déprogrammations et le manque d'informations qui régnaient. Un défilé de mode fut organisé lors d'une soirée où un dîner-spectacle était donné; les invités pouvaient admirer de jolies tenues traditionnelles aux couleurs chatoyantes, portées par les jeunes mannequins de l'émission Mesk-ellil, sous l'oeil attentif de Leïla, tout en dégustant des plats traditionnels algériens: couscous, chakhchoukha, ham lahlou, chorba, bourek, et gâteaux traditionnels confectionnés par la jeune et dynamique équipe de l'hôtel Saint-Georges, elle aussi faisant partie de la délégation algérienne. Une autre soirée fut consacrée à la littérature, animée par Amine Zaoui, directeur de la Bibliothèque nationale d'Alger qui a fait un bref exposé sur la littérature algérienne moderne et son rapport à l'histoire et à la langue, et fut suivi de la projection du film de Yamina Bachir Chouikh, Rachida, en présence de Bahia Rachida, et de la jeune actrice Yasmine, qui a ému jusqu'aux larmes les spectateurs venus nombreux regarder cette production nationale qui a raflé plus de 16 titres et médailles. Les Algériens ont ainsi vu ou revu les drames dont furent victimes leurs compatriotes, les Emiratis ont pris conscience ce jour-là de la réalité tragique qu'a vécue l'Algérie, un pays et un peuple qui leur sont très chers et dont ils se sentent très proches; les Emirats de Shajah, et de Ras El-Khaïma, ont eu droit à deux spectacles improvisés qui ont quelque peu contrarié le reste du programme prévu pour Abu Dabhi mais qui ont, cependant, fait plaisir aux habitants de ces deux Emirats qui ne comprenaient pas pourquoi une telle semaine ne les concernait pas, ni pourquoi on ne les avait pas inclus au programme! En l'absence d'une sérieuse médiatisation de l'événement, ce qui explique le peu d'affluence qu'a connue cette manifestation, les quelques personnes autochtones et étrangères qui étaient présentes ont énormément apprécié toutes les activités présentées et auraient volontiers assisté à plus. Les Algériens, en connaisseurs, ont déploré l'absence de certains genres musicaux tels le chaâbi et le sétifien ; ils ont surtout déploré le manque d'information, l'absence de publicité et le peu de sérieux concernant les préparatifs d'un rendez-vous aussi important dont toutes les étapes ont été prises très à la légère, juste un ou deux jours avant la date prévue. Il est incontestable que cette semaine aurait pu se dérouler dans de meilleures conditions. Il aurait suffi d'un peu plus d'organisation, d'une programmation judicieuse, d'un planning sérieux et respecté et d'une bonne médiatisation pour que le tour soit joué. Sans vouloir rejeter la faute sur l'un ou l'autre des organisations, du ministère de la Culture, de l'Onci ou de l'ambassade d'Algérie à Abu Dhabi, il est sûr qu'avec une bonne coordination entre les différents organismes, une meilleure planification des programmes et surtout une réelle communication entre eux, le rendez-vous aurait été plus réussi. En encourageant l'initiative, il est à espérer qu'on apprendra de nos erreurs et qu'on s'améliorera à l'avenir, il y va de notre crédibilité et surtout de l'image de notre Algérie qu'on n'a pas le droit de ternir plus qu'ont déjà fait nos ennemis cachés...Qui a osé dire que l'Algérie ne pouvait pas se relever et relever tous les défis?