Une nouvelle fois, les Irakiens risquent d'être les premières victimes des bombardements décidés au mépris du droit international. La guerre qui oppose l'Irak à la coalition américano-britannique s'annonçait bien avant le début des hostilités déséquilibrées et inégales avec, d'un côté, une surpuissante armée américaine dotée d'un arsenal ultra-sophistiqué, et de l'autre des forces irakiennes équipées d'un matériel obsolète et dont les capacités sont réduites de plus de la moitié depuis la guerre de 1991 Face aux missiles et bombes guidées par satellite de la coalition, l'armée de Saddam Hussein ne peut riposter que par des missiles beaucoup moins sophistiqués. Les Etats-Unis alignent plus de 800 chars Abrams M1 et de nombreux hélicoptères Apache AH-64, qui peuvent détruire facilement des chars de conception soviétique, et quelque 270.000 militaires américains et britanniques ont été déployés à la frontière irakienne pour affronter une armée de moins de 400.000 hommes mal équipée. Malgré les pertes considérables subies lors de la guerre du Golfe de 1991, l'armée irakienne reste paradoxalement l'une des plus puissantes et des mieux préparées du Moyen-Orient. Toutefois, les énormes difficultés consécutives à l'embargo en matière de rééquipement et de maintenance des matériels modernes ont sérieusement entravé la capacité de l'Irak à se réarmer. Disposant d'un parc matériel encore numériquement très conséquent, l'armée irakienne met en oeuvre 2200 chars de combat et 3700 véhicules blindés divers dans la guerre qui l'oppose aux Etats-Unis. En outre, l'Irak dispose également de 2400 pièces d'artillerie moyenne ou lourde (près de 4000 en 1991) ainsi qu'un peu plus de 300 appareils de combat à divers degrés de disponibilité opérationnelle. Le parc blindé efficient comprend également 200 T-62 et une centaine de M-60 américains de première génération. Le restant se compose pour l'essentiel de vieux T-54 et T-55 encore utiles, mais définitivement surclassés par les engins occidentaux. La faible marine irakienne, déjà quasi annihilée en 1991, reste négligeable mais est parvenue à sauver ses quelques moyens de défense côtière dont de redoutables batteries de missiles Silkworm. L'Irak disposerait également, malgré la guerre et les destructions ultérieures, d'une cinquantaine de missiles Scud et Frog, déclinés localement en différentes versions de capacité et de portée variable. Parmi l'aviation irakienne, on trouve une trentaine de Mig relativement récents (Mig 25 et Mig 29) et une quarantaine de Mirage F1 dont la maintenance reste malgré tout aléatoire et d'une centaine d'hélicoptères de combat de types divers. Une grande partie de la puissance de feu de la coalition au sol est destinée à faire tomber Bagdad où la Garde républicaine irakienne pourrait tenter d'offrir une résistance farouche. «La troisième division mécanisée entrerait à Bagdad avec des chars Abrams face à une Garde républicaine armée de bazookas et de mitrailleuses», souligne John Pike analyste à GlobalSecurity.org. «Dans la dernière guerre du Golfe, il y avait une armée contre une autre armée. Cette fois, les choses semblent déséquilibrées.»