En politique, tout jugement peut s'avérer négatif. Aujourd'hui, les trois puissances qui n'ont pas cautionné l'intervention des coalisés en Irak se retrouvent sur les bords de la Neva (Saint-Pétersbourg) pour harmoniser leurs points de vue et former un front uni dans la reconstruction de l'Irak. En effet, on se rappelle que la France et la Russie avaient menacé d'user de leur droit de veto au Conseil de sécurité contre une intervention militaire en Irak. Les USA et la Grande-Bretagne ont réagi amèrement à cette position et surtout, à l'attitude de la Russie qui a bénéficié de prêts colossaux pour les réformes engagées. L'Allemagne, quant à elle, membre observateur de ce même Conseil, n'a pas voulu «froisser» les relations d'amitié qu'elle entretient avec Saddam et surtout a cherché à préserver ses intérêts dans cette partie du globe. Depuis le début du conflit, la France, tête de liste des pays membres d'une position «non au recours aux armes», se retrouve, aujourd'hui, isolée sur le plan diplomatique. Le président Bush ne veut même pas recevoir les communications téléphoniques de son homologue français. Le fossé qui sépare ces deux pays est trop profond pour être «comblé» du jour au lendemain. En effet, à Saint-Pétersbourg où les trois chefs d'Etat vont se retrouver autour d'une même table, la Russie part favorite car ses intérêts en Irak sont énormes et sa dette envers ce pays culmine à 8 milliards de dollars. Les USA, adoptant la «doctrine Monroe», ont rassuré ce pays quant à sa participation effective dans la reconstruction de l'Irak. Pour les coalisés, la Russie doit intégrer le giron américain et voient mal ce géant adossé à la Communauté européenne au risque de créer un pôle qui remettra en cause la mainmise des Américains sur l'Europe occidentale. La France et l'Allemagne ont applaudi l'efficacité des coalisés en Irak. Jacques Chirac s'est réjoui de la chute de la dictature dans ce pays. Néanmoins, sa participation à la reconstruction reste compromise à plus d'un titre. L'Allemagne, quant à elle, reste vigilante. Sa supériorité et sa maîtrise technologique lui permettent de voir grand. On a souvent recours à sa technicité de pointe pour tout projet d'avenir. Ainsi, le jeu délicat de la France peut se retourner contre elle. Le sommet de Saint-Pétersbourg n'est qu'un prélude pour diviser ces nations. Sans nul doute, les positions des trois ne peuvent converger vers un même but. Le seul dénominateur commun, qui puisse aligner ces pays, est le rôle qui sera attribué à l'organisation universelle dans la reconstruction de l'Irak. Or, les coalisés ont rappelé, à maintes reprises, que cette organisation aura un rôle secondaire en Irak. Dans ce contexte d'après-guerre où la chute de la dictature en Irak, certes, va entraîner une nouvelle vision géostratégique des capitales occidentales, les USA et la Grande-Bretagne imposeront leurs points de vue. L'essentiel pour ces deux nations est d'arriver à freiner l'essor de la Communauté européenne et surtout de l'euro pour remettre sur les rails le dollar et la livre sterling. L'objectif semble être atteint. Les risques d'influer sur le commerce mondial sont minimes aujourd'hui. En outre, la Russie, courtisée par les USA et choyée par la France et l'Allemagne, trouve toute latitude pour se refaire «une santé». Ses dettes en Irak peuvent constituer un investissement durable et sa part «du gâteau» dans ce pays entraînera des profits conséquents. Finalement, le sommet de Saint-Pétersbourg entre les trois pays n'est qu'une démarche pour une éventuelle alternative à laver l'affront. Si pour la Russie et l'Allemagne, les espaces de manoeuvre sont très larges, la France, quant à elle, tâtonne et risque de connaître les méandres d'une erreur politique. Cette dernière est toujours néfaste pour les années à venir.