L'énigme s'enveloppe, de nouveau, d'épaisses couches de mystère. Après l'information attribuée au ministre du Tourisme, M.Lakhdar Dorbani, faisant état de négociations entre les autorités et le groupe preneur d'otages, celui-ci a réagi, hier, par un démenti intégral à propos de tout ce qui lui a été attribué. Selon le communiqué du ministère et diffusé par la très officielle APS, «aucun entretien n'a été accordé à la presse écrite et parlée par le ministre du Tourisme concernant l'affaire des touristes disparus», et la communication dont fait état la presse a uniquement parlé de la rentrée des touristes en Algérie sans recourir aux agences de voyages ou à des guides spécialisés. La communication du ministre a certes fait allusion au sort des touristes disparus dans le Sahara algérien, depuis le 21 février pour certains, mais selon le démenti du ministère, pour conclure qu' «aucune piste n'était à exclure» et que «des indices laissent espérer que ces touristes sont toujours en vie, d'une part, et que d'autre part les pouvoirs publics intensifient les opérations de recherche en mobilisant des moyens humains et matériels considérables pour retrouver ces touristes». Nous voilà donc au point zéro, et l'énigme qu'on croyait sur la voie d'être résolue à jour, s'enveloppe, de nouveau, d'épaisses couches de mystère. En réalité, l'amplification de cette information a été très mal acceptée par les conseillers du ministre qui ont dû lui demander de faire un rectificatif. Car ni le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, ni la ministre de la Communication et porte-parole officielle du gouvernement, Khalida Toumi, n'ont, dans leurs récentes communications, «osé» aller aussi loin dans l'analyse de la situation. Le ministre de l'Intérieur avait laissé entendre qu'«aucune piste n'était à écarter, mais qu'aucun élément concret ne permettait de dire où se trouvent, aujourd'hui, les 31 touristes européens», bien que les opérations de recherche avaient été, à ce point, minutieuses pour permettre de passer au peigne fin tout le désert algérien. Pour ce qui concerne Khalida Toumi, son propos, circonspect et lapidaire, était axé sur deux points: que les recherches se poursuivaient et que dès que des éléments concrets seraient trouvés, l'Etat en donnerait l'information. Dorbani, dans son intervention, est-il allé trop loin? Sa communication avait-elle été suggérée ou avait-elle été simplement une interprétation distendue de ce qui se disait dans les cercles décideurs? Quoiqu'il en fût, il devait se mordre les doigts, hier, à la lecture de la presse qui, à la une, étalait ses propos comme une nouvelle donne dans l'affaire des touristes disparus. L'empressement avec lequel il rectifia le tir renseigne sur la difficulté avec laquelle les membres du gouvernement gèrent ce dossier encombrant. Les autorités militaires et la gendarmerie de la 6e Région militaire s'étonnaient, d'ailleurs, hier, de la teneur des propos du ministre du Tourisme, M.Dorbani, et nous affirmaient que, étant eux-mêmes engagés dans les opérations de recherche et de travail de terrain, ils devaient être «soit» les derniers des responsables à ne pas être au courant de ce qui se passait, «soit» qu'ils étaient exclus par les chefs hiérarchiques de tout ce qui se tramait en sous-sol. N'empêche! Toutes ces voies discordantes ont créé un sentiment de suspicion dans les corps de sécurité engagés dans les opérations de recherche, et il serait temps alors que les autorités commencent à s'inquiéter sérieusement de côté-là. Les pressions exercées par les gouvernements, dont les ressortissants font partie des groupes de touristes disparus semblent refléter leur sentiment exacerbé par une pareille cacophonie.