On confond souvent entre reportage et documentaire. Si le reportage tend à donner une image instantanée d´une situation donnée, une image dont la fidélité à la réalité est limitée dans le temps, par contre le documentaire non seulement peut décrire une réalité mais encore analyser les tenants et aboutissants d´un processus quelconque. En général, la longévité d´un documentaire est conséquente à la réalité envisagée. Que ce soit dans le littérature ou dans le cinéma, le reportage et le documentaire provoquent toujours des effets certains chez les lecteurs ou les téléspectateurs. Une journée d´Ivan Dennissovitch d´Alexandre Soljenytsine n´est pas seulement une oeuvre littéraire de qualité mais elle demeure avant tout un document, le premier document sur la triste réalité du goulag soviétique. Cette oeuvre a ouvert les yeux de bien des gens soumis à la propagande du système concentrationnaire. Nous pouvons citer des exemples aussi prenants comme Le journal d´Anne Franck ou Le camp d´Abdelhamid Benzine. Les personnages de ces documents ne sont pas des héros, ce sont souvent les victimes qui subissent ou essaient de s´en sortir... Le mérite revient surtout à Arte qui vient de diffuser un saisissant documentaire sur la vie quotidienne des Palestiniens dans la bande de Gaza. Alors que lobby sioniste fait flèche de tout bois en Europe pour limiter, interdire les voix arabes et musulmanes sur les ondes hertziennes (El-Manar vient d´être interdite par le CSA français pour anti-sémitisme: la chaîne a projeté des films où l´on montrait l´action des extrémistes juifs alors que tous les jours les films américains exhibent les actions de terroristes liées à des mouvements arabes et musulmans. Encore une fois, la définition du terroriste reste subjective et soumise à la loi du plus fort et l´objectivité reste toute relative...). Pour en revenir au documentaire d´Arte, il rend compte sans artifices, à la vie quotidienne d´un Palestinien moyen dans la bande de Gaza qui est devenue par la grâce de forces d´occupation sioniste, un vaste camp de concentration où une population très nombreuse vit dans une situation humanitaire des plus déplorables: chômage, pauvreté, harcèlements quotidiens et actions violentes. C´est véritablement l´enfer pour ce couple palestinien francophone qui a bénéficié d´une formation en Algérie. Gaza est un vaste bidonville où les terrains vagues les ruines, les zones interdites, les blocs en béton donnent une vision apocalyptique de la réalité ! Sans compter sur les problèmes économiques rencontrés: les produits viennent uniquement d´Israël et sont vendus à des prix prohibitifs: les marchés sont surchargés et la population fait le tour des marchés sans toucher aux produits : trop chers. M6, à côté, a publié quelques «docs» de choc et de toc. D´abord, une journée particulièrement éprouvante avec le frère et les avocats d´Ocalan, le chef du PKK condamné à mort puis à perpétuité par le régime d´Ankara. Les difficultés éprouvées par les amis d´Ocalan donnent une idée très précise sur ses conditions d´incarcération. A côté de cela, des interviews sur les miraculés, les survivants frappés par la foudre. Inconsistant malgré un côté spectaculaire... Le dessert réservé par cette chaîne à ses téléspectateurs est plutôt raccoleur: un reportage de la jeunesse dorée estudiantine américaine dans la ville balnéaire de Caucun...Un étalage de chair fraîche qui dénote les intentions de la chaîne...