La mouvance islamiste se porte bien. Elle est en meilleure santé que la mouvance démocrate qui se présente pâle, bien pâle. Avec un prolongement guerrier dans les universités, le MSP s´estime en mesure de damer le pion aux démocrates quand il va falloir organiser des marches, d´où son insistance à exiger la levée de l´état d´urgence. Madani Merzag a fait un discours en tant qu´acteur qui se prépare à chauffer la place au FIS dont probablement il attend la réhabilitation, objectif présenté comme inéluctable du fait d´une réconciliation nationale prolongée en amnistie générale. Djaballah vient de nous rappeler qu´il garde intactes ses convictions islamistes. Toutes ces convergences coïncident avec la poursuite des attentats. Il vient alors de se produire une réconciliation nationale entre islamistes, qu´ils soient satellisés autour du pouvoir, qu´ils soient dans l´opposition parlementaire, qu´ils soient encore structurés dans l´après-FIS dissous, puisque pour Benaïcha, le FIS est une conviction. Tout se passe comme si tous ces acteurs veulent faire remonter la réconciliation nationale aux années 90-91, et non aux années de l´après-FIS. Benaïcha, d´ailleurs, avait bien précisé que la réconciliation concernait d´abord les protagonistes autour de l´interruption des élections. Admettons alors avec le risque d´une incertitude que les ex-leaders de l´AIS veulent faire accréditer la thèse que le volet politique de l´accord qui avait précédé la trêve impliquait le retour du FIS sous un autre sigle. Faisons-en une hypothèse de travail pour explorer quelques pistes de réflexion. La non-légalisation du Wafa et du FD trouveraient alors quelques explications. Wafa aurait été perçu comme devant occuper la place du FIS. La personnalité de Taleb Ibrahimi lui aurait permis de parrainer, de ponctionner les islamistes avec les conservateurs du FLN. Il n´y aurait plus de place pour le FIS, et le FLN aurait été sérieusement érodé. Quant au FD parrainé par S. A. Ghozali, qui était l´autre protagoniste, il attendrait la réconciliation nationale pour obtenir sa légalisation au même titre que son protagoniste, c´est-à-dire le FIS. Si on accordait alors du crédit à cette hypothèse, ou à cette thèse, on remettrait la situation politique à l´identique de celle qui avait existé à la veille de l´incarcération d´Abassi Madani et d´Ali Benhadj, puisque l´amnistie générale aura tout effacé, y compris les causes qui avaient présidé à leur incarcération. Il ne serait pas étonnant alors de faire revenir Hamrouche, mais à la magistrature suprême, pour refaire le processus de démocratisation en puisant dans l´expérience passée. Par contre, si le deuxième mandat du président ne s´achevait pas encore sur l´amnistie générale, deux possibilités s´offriraient. Soit un troisième mandat, ce qui semble peu probable pour ne pas rééditer l´exemple égyptien d´une monarchie présidentielle, soit une révision de la Constitution pour instaurer le septennat, ce qui accorderait au président deux années supplémentaires afin d´achever la démarche portant sur l´amnistie générale.