Quelle mouche, mais quelle mouche a bien pu piquer la reine d´Angleterre pour avoir décidé, à l´occasion de ses 82 ans, samedi dernier, d´anoblir Salman Rushdie? Elle aurait voulu provoquer 2 milliards de musulmans qu´elle ne se serait pas prise autrement. Mais pour bien comprendre, il faut savoir qui est Salman Rushdie. C´est un essayiste qui a raté son départ avec un conte fantastique qu´il avait intitulé Grimus. Avant de commettre ce flop, l´homme est venu d´Inde où il est né pour s´installer en Grande-Bretagne à l´âge de 14 ans. Certains affirmeront qu´il aurait fréquenté les universités de Cambridge et de Rugby mais aucun ne rapporte la filière qu´il y a suivi. C´est le trou noir jusqu´en 1981 où à l´âge de 34 ans, il décroche le Booker Prize, un prix littéraire, pour son roman Les enfants de minuit qui le sort de l´anonymat. Juste après, encore un autre flop intitulé La Honte avant de décrocher, en 1988, la timbale avec les Versets Sataniques où lui, fils de musulmans, s´en prend à l´Islam, de manière inqualifiable. Plus la colère grondait dans le monde musulman, plus le succès grandissait pour lui, en Occident. En bon musulman de service très applaudi par ses maîtres, Salman Rushdie a vécu, depuis, reclus avec la peur de voir la fetwa de Khomeini demandant sa mort, mise à exécution. Il n´en fut rien, fort heureusement. Ce qui lui a permis d´écrire après, d´autres romans comme Le Dernier Soupir du Maure, La Terre sous ses pieds ou encore le tout dernier Shalimar le Clown. Les choses auraient pu en rester là. Allons donc! L´acte de la reine n´est pas tombé comme un cheveu sur la soupe. Par hasard. Non, il a tout l´air de répondre à un timing. Il est tout de même troublant que l´anoblissement de Rushdie, même s´il a eu lieu à l´occasion de l´anniversaire de la reine, ait pu coïncider aussi avec la prise de Ghaza par le Hamas. Un événement chassant l´autre. Une actualité faisant oublier l´autre. On l´a vu lors de l´épisode des «caricatures» danoises, reprises des mois après, plus efficacement, par des médias français. Conjoncture oblige. A tous ceux qui n´ont trouvé aucune participation musulmane à la Saint Barthélémy. A tous ceux qui ne voient pas bien ce que la reine vient faire dans le pré carré de lobbies qui agissaient sans elle, il faudrait rappeler l´épisode tragique de la princesse Diana. Beaucoup accusaient la reine d´avoir été derrière «l´accident» pour empêcher le mariage de la princesse avec le musulman qui était le fils du milliardaire égyptien qui a, d´ailleurs trouvé la mort avec elle. D´autres voix ajoutaient que la reine a fait un deal avec certains lobbies qui tiennent les médias, pour étouffer un scandale que s´évertuait à alimenter le richissime égyptien Al-Fayyed. Ce qui a d´ailleurs bien fonctionné, vu que toutes les actions entreprises par le malheureux père pour la recherche de la vérité n´ont jamais abouti. Il est clair que, pour sauver la couronne d´Angleterre, la reine s´allierait avec le diable s´il le fallait. Au sens propre du terme. Aujourd´hui, on a la nette impression d´assister à un renvoi d´ascenseur. Ainsi, il est fort à parier que les jours à venir vont être monopolisés par l´anoblissement de Salman Rushdie avec le droit de faire précéder son prénom du titre de Sir. Mais surtout, par la colère des musulmans que cet anoblissement entraîne. Comme l´événement est fait pour durer et tenir l´actualité un bon moment, le palais de Buckingam a fait savoir «qu´il est peu probable que Salman Rushdie reçoive son titre de chevalier avant octobre». Au cas où la mayonnaise ne prendrait pas, le témoin passera à d´autres «experts» peut-être en Belgique. Il est bien passé de Copenhague à Paris. ([email protected])