Il fait chaud! Très chaud! Et cela dure depuis quelques jours déjà! «Et on n´est qu´au mois de mai» se lamentent ceux qui n´ont pas les moyens de s´offrir un coin de fraîcheur dans une oasis de verdure. On étouffe. Et pas besoin de mettre cette canicule sur le dos d´El Nino qui a fort à faire ailleurs déjà, en Amérique, en Asie, en Australie. Il ne faut pas non plus laisser son imagination galoper et prétendre que c´est la nouvelle vague de mariages avec leurs longues nuits de veille qui ont catapulté le mercure jusqu´au chiffre 40. Et il ne faut pas voir là non plus un effet direct de l´atmosphère qui règne sur les étals des fruits et légumes: il ne faut pas confondre l´effet et la cause; mais ceci entraînant cela, l´esprit embrumé du consommateur moyen a vite fait le tour de la question, et, pour ne pas surmener ses neurones anesthésiées, pour mettre la montée subite de la température sur le dos des moteurs à explosion, de plus en plus nombreux à ronronner ou à vrombir sur des routes de plus en plus encombrées. C´est pour cela que c´est avec un profond soulagement que les habitants d´Alger-Centre ont accueilli cette initiative des autorités qui ont déclaré vendredi, journée sans voitures. C´est non seulement un geste d´une portée écologique certaine qui aura pour effet (pendant une courte journée cependant) de réduire les émanations de gaz de combustion et d´odeurs dérangeantes dans les principales artères de la grande ville- il aurait été plus judicieux d´étendre cette action positive à tout le week-end et à toute la ville-cela aurait aussi épargné aux cinq millions d´Algérois les désagréments et les pollutions sonores et chimiques des voitures défilant en pétaradant, avec à leur bord des énergumènes qui arborent drapeaux et oriflammes de clubs sportifs. Quel gâchis! Trop de bruit pour rien. Mais il faut bien que jeunesse se passe! Des individus vociférant et exaltant un chauvinisme inculqué sont moins dangereux que des jeunes qui réfléchissent. Bref, au-delà, de la portée écologique de cette journée, il y a aussi la portée sociale: ainsi, les adultes pourront s´adonner sans danger au plaisir de la promenade, le long des chaussées libérées et les petits garçons pourront enfin sortir faire une partie de football dans un espace où les aires de jeu n´existent pas. Tout le monde n´a pas la chance d´habiter au Club des Pins ou dans un de ces petits quartiers discrets, où de petits stades cernés par des grilles et des murs (comme à Ben Omar) accueillent dès l´aurore toute une jeunesse prodigue d´énergie. Evidemment, il est trop tôt pour faire l´évaluation des retombées psychologiques, sociologiques et économiques d´une telle journée mais ce qui est sûr, c´est qu´elle n´aura aucun effet négatif. Bientôt, il y aura une journée sans cigarette (qui aura pour effet de rapprocher les fumeurs entre eux) et on espère qu´un jour, on pourra envisager une journée sans climatiseurs (s´ils réfrigèrent l´intérieur, ils font monter la température à l´extérieur) une journée sans barrages (les embouteillages contribuent à échauffer moteurs et esprits). Peut-être qu´avec quelques jours sans violences dans les stades, à l´école, les esprits seront enfin apaisés. A quand une journée sans fuel?