L´avocate de l´inculpé de faux, a joué son va-tout en citant trois verbes dans l´article 222 et signale que le quatrième, le verbe "ajouter", n´existe nulle part... Maître Mallia Bouzid a tenté de trouver une brèche dans les procédures qui ont mené son client devant Madame la juge du pénal du tribunal de Chéraga (cour de Blida). Seulement voilà: l´inculpé a, après avoir tenu bon, reconnu avoir exécuté le faux. L´avocate évoque alors le rajout d´un feuillet...ce qui fausse complètement la tentative du parquet d´aller vers des demandes «tueuses» surtout que ces temps-ci, le faux est roi et les faussaires écument l´océan des cours... Les termes de l´article 222 évoquant le faux sont clairs. Maître Bouzid-Adnane, l´avocate de Abderahim R., un jeune quittant la trentaine, a pris pour cheval de bataille, non pas le faux, mais le rajout d´un document au dossier. «Il y a faux lorsqu´un document se trouve dans un dossier et qu´il n´y a rien à faire», a lancé, sans sourire, ni grimacer, le représentant du ministère public, qui a bien suivi les débats en vue de requérir juste. D´ailleurs, la lourde peine (un an de prison ferme assortie d´une amende) l´a prouvé. Maître Mallia Bouzid-Adnane a accueilli ces demandes avec beaucoup d´indifférence que désarroi, elle le prouvera lors de sa courte, mais efficace intervention qui s´est limitée surtout à écarter les termes de l´article du jour. La moue à la lèvre, la juge a calmement posé des questions voulant arriver à la vérité, contrairement au procureur qui a posé une question-piège à laquelle le prévenu a répondu sèchement et s´en est donc bien tiré, faisant le bonheur de son avocate, cette blonde furibonde prête à tirer sur tout ce qui bouge, n´admettant jamais le recours aux souricières ni aux autres pièges que la loi n´a jamais évoqués! Elle va même pousser la coquetterie jusqu´à rappeler les trois verbes utilisés dans l´article 222, en l´occurrence: «Falsifié, contrefait ou altère...les documents, outre cette histoire de rajouter. Il n´y est nullement stipulé le verbe rajouter, ou encore ajouter un feuillet», dit-elle en battant des cils, étant plus que sûre que personne, du procureur ou de la juge, ne peut apporter de démenti sec, tranchant. Puis elle fait allusion au franc-jeu de son client qui n´a, à aucun moment, tenté de dévier les faits, ni menti au tribunal. Il faut signaler pour l´intégrité de cette chronique que Abderahim avait d´abord tout nié en bloc. Il a même vaillamment résisté devant le chapelet de questions dont les réponses pouvaient le confondre et donc le mouiller. Ce n´est qu´un peu plus tard qu´il se met à table et reconnaît qu´il a réussi à substituer un feuillet au dossier: «L´article 222 n´est pas applicable à mon client qui n´a rien falsifié. Il n´a rien touché. Il vous l´a dit. Pourquoi croire le parquetier qui n´a pas les preuves de l´exécution du faux. L´indulgence n´est demandée avec insistance que pour la petite faute qui a été l´introduction du fameux document dans le dossier», avait marmonné l´avocate qui a prié le tribunal de bien revoir le dossier et surtout les procès-verbaux d´audition qui montrent la voie au juge. La magistrate examine une dernière fois le dossier, demande à l´inculpé de dire le dernier mot de l´audience: «Je regrette ce que j´ai fait par ignorance, mais je n´ai pas usé de faux. Je demande pardon à la justice.» Cela a suffi au président pour condamner Abderahim à une peine de prison de trois mois avec sursis plus une amende de cinq mille dinars. Nous étions très loin de l´année ferme demandée par le procureur qui fit presque semblant de n´avoir pas été ému, pas le moins du monde, par la sentence. Lui aussi a le droit d´interjeter appel si le verdict n´est pas apprécié à sa juste valeur. Mais, comme le croit la grosse majorité des parquetiers, l´appel demeure surtout un outil pour les statistiques, des statistiques exhibées surtout pour éblouir la tutelle et aveugler les magistrats intègres! Et cela, Maître Bouzid-Adnane le sait, mais par réserve, elle ne le dira jamais, même en aparté. Sacrée réserve, va!