Pas moins de quatorze autres suspects passent en jugement, depuis mardi, au tribunal de Casablanca, ce qui portent le nombre de personnes plus ou moins impliquées dans les sanglants attentats marocains au nombre hallucinant de 100. Par delà ce chiffre, et l'implication de certains cadres de partis islamistes légaux dans cette nébuleuse, les révélations faites en instruction et durant les audiences ont donné la pleine mesure de l'ampleur de ce phénomène au Royaume marocain, ce qui explique la panique du palais royal et son récent et tout nouvel empressement à demander, notamment, l'aide des Algériens, grands spécialistes en matière de lutte contre le terrorisme. Les deux cellules démantelées, activaient à Tanger et à Fès sous la direction d'un Emir français, Pierre Robert, alias «Lhadj», alias «Abou Abderrahmane». Ils sont membres des premier et deuxième niveau d'activistes islamistes prêts à passer à l'acte. Le procureur général du roi, près la cour d'appel de Casablanca, Alaoui Belghiti, n'y va guère par quatre chemins dans un communiqué rendu public hier. «Ces individus (membres d'une organisation terroriste qui regroupe tous les membres de la cellule de Tanger et de Fès) constituent le noyau dur d'un plan terroriste visant à attaquer des sites sensibles au Maroc afin de semer la discorde et de déstabiliser le pays.» Parmi eux, figurent des Afghans. Ces cellules sont officiellement affiliées à Al-Qaîda d'Oussama Ben Laden. Le Maroc, dans son enquête, a compris avoir mis le doigt dans un terrible engrenage et qu'il n'a désormais vue que la face émergée d'un gigantesque iceberg. Le procureur, en effet, précise que «les éléments de cette cellule se sont préparés pour lutter contre ce qu'ils considèrent comme la dépravation de la société, à travers ce qu'ils appellent le Jihad, pour mettre en pratique cette idée, ils ont eu recours à l'expérience de certains membres de la cellule et aux connaissances qu'ils ont acquises en Afghanistan en matière de maniement d'armes et d'explosifs et de topographie. Ils ont été endoctrinés par des théoriciens du courant salafia jihadia». Le Maroc reconnaît donc officiellement l'existence d'un complot islamiste menaçant le trône. Il ne dit pas cela sans quelques inquiétudes, puisque outre l'Algérie, le Maroc est allé également chercher de l'aide et des soutiens en France, à Bruxelles et même aux Etats-Unis d'Amérique. Le procureur, dans le cadre des révélations, qui ne disent pas combien de cellules similaires sont encore actives partout dans le royaume, ajoute que cette cellule projetait de commettre beaucoup d'actes de sabotage, mais aussi de prendre d'assaut des banques et même de commettre des attentats contre des hommes politiques, des membres des forces de sécurité ainsi que les occidentaux présents au Maroc. Dire que l'affaire n'en est qu'à ses débuts et que le cauchemar marocain, selon toute vraisemblance, ne fait que commencer...