L´opposition yéménite a accusé le président Ali Abdallah Saleh d´avoir fait échouer un plan de sortie de crise des monarchies du Golfe alors que les manifestations redoublaient d´intensité hier pour réclamer le départ du chef de l´Etat. Un médiateur du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) a quitté samedi soir Sanaa sans avoir pu obtenir l´accord du président contesté pour signer le texte de sortie de crise. L´opposition a donc refusé de se rendre à Riyadh, où la signature formelle de l´accord prévoyant la démission dans un mois du président devait se dérouler hier en présence des ministres des Affaires étrangères du CCG. «Le secrétaire général du CCG est reparti sans la signature du président, et par conséquent l´initiative a échoué», a déclaré un responsable du Front Commun, une coalition de l´opposition parlementaire, Mohammed al-Sabri. «Il n´y a plus d´invitation pour Riyadh». Le secrétaire général du CCG Abdel Latif al-Zayani était venu samedi à Sanaa pour inviter des représentants du pouvoir et de l´opposition à la cérémonie de signature de l´accord, mais est reparti dans la nuit sur un échec. M.Sabri a accusé le président Saleh, au pouvoir depuis plus de 32 ans, d´avoir fait échouer l´accord par ses «manoeuvres et tergiversations». M.Zayani a tenu «quatre sessions de pourparlers avec le président pour tenter de le convaincre, mais à chaque fois il (Saleh) a posé de nouvelles conditions», a-t-il encore dit. Les ministres des Affaires étrangères du CCG doivent tenir une réunion en fin de journée hier dans la capitale saoudienne, mais sur une base aérienne et non plus au Palais des congrès où la cérémonie de signature était prévue, selon un responsable du CCG. Le plan des pays du CCG (Arabie Saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman, Qatar) prévoyait la formation par l´opposition d´un gouvernement de réconciliation et la démission de M.Saleh un mois plus tard, en échange d´une immunité pour lui et ses collaborateurs. Une élection présidentielle était prévue dans un délai de 60 jours après la démission de M.Saleh, ainsi que l´élaboration d´une nouvelle Constitution qui devait être soumise à un référendum. Les manifestations réclamant le départ du président Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, durent depuis fin janvier et ont fait plus de 145 morts. Les jeunes contestataires qui dirigent la révolte ont appelé à intensifier le mouvement. «Nous allons intensifier nos protestations en généralisant l´appel à la désobéissance civile sur l´ensemble du territoire, notamment à Sanaa», a déclaré Wassim al-Qershi, coordinateur de la coalition Watan des protestataires au Yémen. D´importantes manifestations se sont déroulées hier à Taëz, au sud de Sanaa, à Moukalla (sud-est) et à Saada (nord) pour réclamer le départ immédiat du président. Les jeunes contestataires avaient proclamé leur refus de l´initiative des pays du Golfe, notamment parce qu´elle garantissait l´immunité au président. «Le Front commun se fait beaucoup d´illusions sur un départ négocié du président Saleh», a ajouté M.Qershi, exprimant l´espoir que le rejet par le chef de l´Etat de l´initiative des pays du Golfe pousse le Front commun à radicaliser sa position. «Les jeunes vont poursuivre leur révolte jusqu´à la chute du régime», a annoncé la coalition Watan dans un communiqué, promettant de «mettre en échec toute initiative ne répondant pas à ses revendications».