Les Tunisiens s'impatientent et veulent en finir avec la transition et le statu quo. Maintien? Report? Les dirigeants transitoires tunisiens et la commission électorale continuent de surfer sur la date du scrutin, au grand agacement des Tunisiens. Désormais connue pour sa «révolution du Jasmin», la Tunisie, premier maillon de la chaîne révolutionnaire qui a donné naissance au «printemps arabe», risque de connaître de nouvelles turbulences. Citée, depuis la constitution d´un gouvernement de transition, comme l´exemple à suivre, alors que d´aucuns croyaient que la machine était lancée en Tunisie, les choses ne semblent pas aussi simples ni évidentes. Décidément, pour une fois que les plus grands courants politiques sont d´accord sur un point, voilà que sa faisabilité est remise en question. Face aux tergiversations des décideurs tunisiens sur la date de l´élection d´une Assemblée constituante, qui pourrait bien être reportée de juillet à octobre, les citoyens ordinaires s´impatientent et réclament une issue rapide à ce «calvaire». Le Premier ministre tunisien, Beji Caïd Essebsi, avait affirmé que la date du scrutin demeurait fixée au 24 juillet, pour une élection cruciale de la constituante, avant de revenir sur son propos déclarant qu´il existait une possibilité de report. Cette indécision n´a pas manqué d´agacer les Tunisiens pressés d´en finir avec le statu quo. Ce scrutin, le premier depuis la chute du régime de Ben Ali en janvier, après 23 années de pouvoir, pourrait selon qu´il soit pris ou non, correctement en charge, induire le futur de la Tunisie. Assemblée constituante aura la tâche d´adopter une nouvelle Constitution et de préparer de nouvelles élections. Malheureusement, pour le peuple tunisien, pressé de sentir le parfum du Jasmin de sa révolution, la possibilité du report de cette élection au mois d´octobre, est sujet de controverse. La Haute Instance indépendante chargée des élection a affirmé jeudi dernier, l´impossibilité de tenir à la date fixée, les élections proposant à sa place la date du 16 octobre, évoquant des raisons techniques, contre l´avis du gouvernement qui avait maintenu, deux jours plus tôt, la date initiale du 24 juillet. En attendant la décision du conseil des ministres qui se prononcera demain, la pression monte dans les rues en Tunisie. «Ça fait cinq mois qu´on s´est débarrassé de Ben Ali et de sa bande et nous ne sommes pas prêts à attendre encore des mois pour savoir où on en est exactement» selon un Tunisois qui semble exprimer l´opinion générale. «Tout ce que je veux, c´est voir un gouvernement légitime en Tunisie le plus tôt possible» a-t-il ajouté. Impatient, le peuple tunisien veut sortir de l´ambiguïté qui le tiraille et profiter des bienfaits de la démocratie à laquelle il aspire. Devoir attendre cinq autres mois, semble une éternité. Les Tunisiens veulent que les choses soient claires le plus rapidement possible. Pour certains d´entre eux, attendre cinq mois de plus, quelles que soient les raisons, ne feront que prolonger une période de doute, d´insécurité et d´instabilité et Dieu sait ce qui peut se passer. Si plusieurs partis politiques sont favorables à la date du 24 juillet, dont le parti islamiste Ennahda et le parti démocrate progressiste (PDP), au nom de la stabilité du pays, d´autres, comme le Parti communiste et ouvrier tunisien (Pcot), souhaitent avoir plus de temps pour faire campagne et mettent en garde contre une élection mal préparée. Or, pour la commission électorale tunisienne, il est tout simplement «impossible» techniquement d´organiser des élections crédibles dans huit semaines, vu l´ampleur de la tâche. Le pays doit se doter de 1 500 centres d´inscription et former 6000 agents, sans compter l´inscription des Tunisiens de l´étranger. Le jour de l´élection, 8000 bureaux de vote devront être prêts. Peu importe les raisons, aussi techniques soient-elles, le peuple tunisien veut les élections le 24 juillet «l´élection d´un gouvernement légitime qui pourrait imposer sa loi» a déclaré un citoyen.