Le conseil d´administration du Fonds monétaire international se penchera demain sur les deux candidatures au poste de directeur général de l´institution, celles du Mexicain Agustin Carstens et de la Française Christine Lagarde, et pourrait faire son choix dès cette réunion. Les 24 membres de l´instance, représentant huit pays et seize groupes de pays, se sont entretenus avec M.Carstens puis Mme Lagarde. Ils doivent désormais trouver un «consensus» sur le nom de leur nouveau patron. S´ils n´y parvenaient pas, ils procéderaient à un vote. La procédure doit aboutir jeudi au plus tard. La nomination doit être annoncée par un simple communiqué de presse, sans cérémonie officielle d´intronisation. Mme Lagarde est la grande favorite. Elle est assurée du soutien de sept administrateurs ressortissants de l´Union européenne et de deux Africains: un Egyptien et un Togolais. M.Carstens peut compter sur son compatriote mexicain et sur un administrateur argentin. Le Canada et l´Australie se sont aussi ralliés à sa candidature vendredi soir. La préférence des onze autres n´a pas été rendue publique à ce stade. Le conseil d´administration avait promis une procédure «transparente». Mais le nouveau numéro un du Fonds pourrait être désigné sans qu´on sache par qui étaient soutenus les deux candidats. Si le conseil d´administration souhaitait absolument atteindre le «consensus» qu´il a toujours dit viser, le choix de la ministre française de l´Economie s´imposerait. Edwin Truman, un ancien conseiller du département américain du Trésor pour le FMI avant le sommet du G20 de Londres (2009), estime que le sort est déjà jeté et que l´Europe va garder ce poste qu´elle monopolise depuis 1946. «Si les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) avaient voulu empêcher la nomination d´un Européen, ils auraient pu. S´ils avaient tous apporté leur soutien à Carstens, de nombreux autres pays en développement les auraient suivis, et selon moi, les Etats-Unis, et peut-être le Canada et le Japon en auraient fait autant», a-t-il estimé. Selon une source proche du FMI, l´idée d´une candidature de Mme Lagarde avait été présentée à des Etats membres alors même que Dominique Strauss-Kahn était en poste. Quand une affaire d´agression sexuelle a précipité le départ du Français, cette candidature était prête. Aucune date de prise de fonctions n´a été décidée pour le nouveau numéro un. Quand M.Strauss-Kahn avait été désigné directeur général le 28 septembre 2007, son mandat de cinq ans n´avait officiellement démarré que le 1er novembre. Celui de Mme Lagarde pourrait commencer en juillet: le conseil d´administration prenant traditionnellement plusieurs semaines de vacances en août, pourrait donc souhaiter avoir un numéro un en place avant cette période. Le nouveau directeur général aura immédiatement des tâches délicates: la gestion de la crise grecque, l´examen des premiers rapports de l´institution sur les répercussions transfrontalières de la politique des cinq plus grandes économies mondiales (Chine, Etats-Unis, Japon, Royaume-Uni et zone euro) et les relations avec l´Egypte, qui, selon un conseiller du ministère des Finances samedi, a réitéré sa demande de prêt au FMI.