Sur deux plaintes, le juge d'instruction inculpe le maire de Zéralda qui est incarcéré depuis mercredi soir. Jeudi 7 juillet, tribunal de Hadjout (cour de Blida). Couloir de l'instruction. Trois avocats viennent de sortir du bureau du juge d'instruction. Pour le maire de Zéralda (Alger), Maître Moussaoui et Maître Fodil ont une mine défaite. Leur client vient de faire l'objet d'un mandat de dépôt pour escroquerie et diffamation, fait prévu et puni par les articles 372 et 206 du Code pénal. Deux dossiers, deux victimes : Faïz Boucif, commerçant et Lila Issad, de l'hôtel du Centre des affaires qui avait déposé plainte pour diffamation au lendemain de la tenue de la conférence de presse par Mouhib Khatir, le président de l'APC de Zéralda qui venait d'écoper d'une peine de prison assortie du sursis (deux ans pour un délit rejeté par le maire). Maître Samir Sidi Saïd était constitué pour les deux victimes. Boucif, le commerçant qui a enduré cette marathonienne instruction qui a débuté à 9h du matin du jeudi et qui s'est achevée à 18h s'était plaint du fait que le maire avait commandé pour la modique somme de 150 millions de centimes des Iphones et des écrans TV-Plasma. Le commerçant de Staouéli avait, à cette occasion, un témoin de poids : le magasinier de l'APC qui a affirmé que la marchandise n'était jamais arrivée chez les membres de l'Exécutif et que le maire avait exigé des bons de commande avant de régler la facture. Il aura été l'axe-pénal du dossier et c'est ce qui a motivé le mandat de dépôt. Le disant très déçu, un des avocats du maire a affirmé que la somme décriée n'était pas la seule cause. « Au lendemain de son élection, en décembre 2007, Khatir avait un capital de 75 milliards de centimes. Donc, au vu de la somme, cela semble ridicule! » a confié l'un des défenseurs du collectif (plus d'une demi-douzaine) d'avocats. Plus déçu encore, Maître Djamel Fodil a dit son désappointement autour du piétinement des procédures de l'interpellation du premier magistrat de la commune. La première du pays : « Imaginez que le maire se trouvait à quelques mètres de chez lui et à quelques encablures du barrage fixe de la Dgsn. Et imaginez encore qu'une voiture banalisée s'arrête et deux policiers en civil en descendent. Notre client a cru avoir affaire à tout le monde, sauf à des policiers avec les temps qui courent ». Maître Nassima Aïd, Maître Djamel Boulfrad et Maître Fodil ont décidé d'interjeter appel et peut- être organiser une conférence de presse pour mieux expliquer « l'acharnement contre leur client qui a déposé 22 plaintes sans qu'une seule ne soit déclenchée ». Rappelons enfin que les ennuis ont été multipliés par dix depuis le jour où le maire a décidé de dénoncer la liste de magistrats de Chéraga et Blida, bénéficiaires de largesses et de logements entre autres, et ce, lors du précédent mandat. Ereinté par le marathon de la nuit du mercredi et de la journée du jeudi 7 juillet 2011, Maître Djamel Fodil a regretté qu'au pays des martyrs, « l'on soit arrivé à malmener undescendant direct et intègre du chef d'état-major de l'Emir Abdelkader! » Affaire à suivre donc et ce, juste après la tenue attendue de la conférence de presse… Il est vrai que le président de l'APC a une tout autre version des faits qu'il aura l'occasion de donner au tribunal correctionnel lors de sa comparution, prochainement. Un long feuilleton qui risque de s'éterniser.