Il remet un rapport au président de la République concernant la levée de l'état d'urgence, la liberté de la presse, la liberté d'opinion et de culte. Les longues années de terrorisme ont brouillé les cartes et ont complètement dévoyé le pays. Remettre les choses sur les rails n'est pas du tout facile, a relevé hier M.Ksentini. Détention préventive, démocratie, réconciliation nationale, liberté de la presse, droits sociaux et consultations sur les réformes politiques. Le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (Cncppdh), M.Farouk Ksentini, fait le tour de ces questions lors d'un entretien accordé hier à l'APS. Par ailleurs, le président de la Cncppdh a souligné avoir interpellé le président de la République dans un rapport qu'il lui a remis, il y a deux semaines, sur d'autres sujets, notamment la réconciliation nationale, la levée de l'état d'urgence, la liberté de la presse, la liberté d'opinion et de culte. Selon lui, «la détention préventive est une grande faiblesse de notre système judiciaire» car il en est fait «un usage abusif et systématique», a déclaré le président de la Cncppdh. Selon lui, la loi considère en état de détention préventive toute personne qui n'est pas définitivement condamnée, alors que le ministère de la Justice considère en état de détention préventive uniquement les personnes placées en détention préventive par le juge d'instruction. Avocat de formation, M.Ksentini considère que la situation est dramatique et qu'elle nécessite d'être revue. «Si on apporte des corrections avec un peu de bon sens et de bonne volonté, l'Algérie peut devenir un Etat extrêmement propre en matière des droits de l'homme», estime-t-il. Le rapport fait état aussi du «malaise social» dans le pays, de la souffrance de la jeunesse marginalisée et désespérée de trouver un logement ou du travail. Il aborde par la même occasion le phénomène des «harraga». M.Ksentini ajoute avoir insisté dans son rapport sur la nécessité d'approfondir la démocratie, car pour lui, «il ne suffit pas de proclamer la démocratie dans les textes mais il faut que la population la ressente dans la pratique quotidienne». A ce sujet, l'avocat juge «insuffisants» les efforts consentis pour une démocratie qui demande à être «améliorée et approfondie». Pour lui, le plus important en démocratie, est la capacité d'organiser des élections «totalement libres et transparentes, de manière à les rendre indiscutables aux yeux de l'opposition». «C'est à partir de là que les choses changeront vers plus de démocratie», estime l'avocat. Dans la lancée, M.Kentini a également regretté qu'une partie de l'opposition ait refusé de prendre part aux consultations sur les réformes politiques qui s'étaient déroulées aux mois de mai et juin. Au volet de la réconciliation nationale, l'avocat pense qu'il y a des «dispositions complémentaires» à prendre, parce que pour lui il y a «des oubliés» de cette réconciliation, tels que «les internés du Sud qui n'ont pas été indemnisés et qui devraient être réhabilités moralement», a-t-il dit. Il propose aussi d'accorder un statut aux familles victimes du terrorisme ainsi qu'aux familles des disparus. Il est toutefois «grotesque», «moyenâgeux» et «inadmissible»de mettre un journaliste en prison pour ses écrits, a déclaré le premier responsable. Interrogé sur le cas Mohamed Gharbi, l'ancien moudjahid qui vient d'être mis en liberté conditionnelle dernièrement après avoir purgé dix ans de prison pour avoir tué un terroriste repenti, M.Ksentini s'est, félicité que cette libération soit intervenue de manière légale, et dans le respect des lois.