Les Etats-Unis opposeront donc leur veto à la demande d'adhésion de la Palestine à l'ONU. Un tel scénario était attendu. Toutefois, son officialisation par Washington, qui a réitéré son intention de faire usage du veto contre la demande des Palestiniens, introduit de nouvelles normes et un nouveau sens au droit international et à la Charte des Nations unies. En effet, face au blocage délibéré imposé au dossier israélo-palestinien, la menace du veto américain ne se justifie d'aucune manière d'autant plus que les Etats-Unis sont bien placés pour savoir que l'impasse est durable et interférera sur une solution pacifique du contentieux proche-oriental. Les Etats-Unis, qui recommandent l'érection d'un Etat palestinien sur les bases de la ligne de démarcation de 1967, admettent aussi que la poursuite de l'implantation de colonies (qu'ils n'ont pas réussi à faire stopper) dans les territoires palestiniens occupés, constitue un empêchement sérieux à la mise en application de la vision de deux Etats vivant côte à côte, Israël et la Palestine. Or, une admission à l'ONU de l'Etat palestinien dans les frontières de 1967, constitue, aujourd'hui, la seule issue susceptible de débloquer la situation. Aussi, le veto américain à une adhésion de la Palestine à l'ONU ne ferait que conforter Israël auquel, selon toute vraisemblance, le droit international ne s'applique pas. Israël, protégé par Washington, écrase le monde de son arrogance, de son mépris, de sa puissance, poursuivant sans état d'âme un objectif dont la finalité est de rendre caduque l'existence d'un Etat palestinien indépendant. Washington excipe du fait qu'un tel Etat doit être la résultante de «négociations» entre Israël et les Palestiniens. Pourtant, les manoeuvres israéliennes montrent bien que ces négociations n'ont d'intérêt pour Israël que du fait qu'elles aient lieu sans qu'il soit permis d'en prévoir un aboutissement. Cela, les Etats-Unis le savent parfaitement. D'ailleurs, le chef du parti d'extrême droite israélien, «Israël Beytenou» Avigdor Lieberman, chef de la diplomatie israélienne, ne cache même pas les desseins d'Israël lorsqu'il affirmait, l'an dernier, après l'interruption des négociations à la fin du moratoire israélien sur les constructions en Cisjordanie, qu'il fallait continuer à négocier avec les Palestiniens, assurant qu'un Etat palestinien nest pas envisageable avant au moins un siècle. Traduits, ces propos veulent dire qu'il n'y aura en fait, jamais d'Etat palestinien aux côtés d'Israël, car à cette époque, il n'y aura plus de territoire palestinien sur lequel édifier un tel Etat. Cela, les Etats-Unis, l'Union européenne, l'ONU et le Quartette pour le Proche-Orient le savent pour avoir dirigé les pourparlers israélo-palestiniens et au regard de leurs échecs répétés, d'une part, de la colonisation de peuplement poursuivie sans relâche par l'Etat hébreu, parallèlement à la judaïsation accélérée de Jérusalem-Est, d'autre part. C'est là un complot, outre contre la Palestine, surtout contre la paix dans le monde. Cela au su des autorités mondiales à commencer par les Nations unies mises dans l'impossibilité d'agir, devenues simple instrument des Etats-Unis d'Amérique. Car, si un Etat palestinien n'est pas reconnu et admis à l'ONU en septembre prochain, il ne le sera sans doute jamais, ou dans quelques décades, quand il sera trop tard pour parler encore de la Palestine ou d'un Etat palestinien. Négocier? C'est là un leurre dès lors que les Palestiniens négocient avec l'Etat hébreu depuis 1993, pour l'application des accords d'Oslo, sans que les choses aient évolué d'un iota. La chance des Palestiniens est de voir leur Etat admis à l'ONU, adhésion à laquelle s'opposent les USA. On imagine mal que ce soit cela l'équité internationale et le droit pour tous les peuples de vivre libres et égaux, quand les Israéliens, appuyés par le veto américain, refusent aux Palestiniens de vivre libres dans leur propre Etat indépendant.