«Un coup fourré» de trop pour faire capoter le dialogue. Le meeting de l'interwilayas des ârchs, prévu aujourd'hui à Bouira, s'annonce chaud. L'intepellation d'un délégué de Bachloul (Bouira) à la frontière algéro-tunisienne et la confiscation de son passeport relancent les suspicions des ârchs à l'égard du pouvoir. Au moment où tout le monde s'attendait à ce que les autorités jettent du lest après le oui conditionné des ârchs au dialogue accompagnant son offre par la levée des poursuites judiciaires, c'est la chasse aux sorcières qui recommence. C'est la preuve que l'offre du pouvoir n'est pas dénuée d'arrière-pensées politiques. En effet, malgré le retournement de la situation en Kabylie en faveur d'une solution équitable, des cercles intéressés par le pourrissement sauteraient de joie à l'idée de voir la spirale de la violence reprendre le dessus dans la région au grand dam de la majorité de la population qui n'a de cesse de réclamer la fin du calvaire. A quelques heures de ce rendez-vous avec la population, les délégués de Tizi Ouzou et de Béjaïa ont le regard braqué sur la situation qui prévaut au niveau des ârchs de Bouira. On croit savoir que des intentions du pouvoir à la suite de cette interpellation découlera la réaction des ârchs. Jusqu'à l'heure actuelle, les pronostics sont franchement pessimistes. On parle d'une radicalisation du ton et de la relance du bras de fer avec les pouvoirs publics, si aucun signe de bonne volonté n'arrive à temps pour tempérer les ardeurs du mouvement citoyen. Du côté des pouvoirs publics, on croit savoir également qu'une course contre la montre est engagée depuis hier pour désamorcer la bombe. Le délégué Rachid Belkacemi devrait être reconduit à Bouira avant d'être relâché et son passeport restitué. On n'hésite pas à parler de «coup fourré» de la part des partisans du statu quo en Kabylie. La question qui se pose est pourquoi les autorités demeurent silencieuses sur la question. Il est vrai que la gestion bicéphale du dossier de la crise de Kabylie est toujours de mise et que les enjeux de son règlement grossissent au fur et à mesure qu'on se rapproche du rendez-vous électoral de 2004. Il faut croire que la Kabylie est devenue un champ de bataille des protagonistes au sein du pouvoir. Pendant ce temps, la population continue de payer la facture d'autant que le terrorisme y redouble de férocité. Le meeting des ârchs sera par conséquent une aubaine pour les gens hostiles au dialogue. Ils auront la part belle dans la mesure où le pouvoir continue de pratiquer la politique de l'attentisme.