L'essor de la production agricole en Algérie n'est pas tombé du ciel L'Agriculture algérienne plongée dans un coma profond depuis 1962, a frémi avec l'arrivée de Rachid Benaïssa à la tête de ce secteur. Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, le Dr Rachid Benaïssa, sera auditionné aujourd'hui par le Président Bouteflika. Quoi de plus normal qu'une entrevue qu'accorde le chef de l'Etat à un membre de son Exécutif, diriez-vous. Soit, mais cette entrevue a au moins deux caractéristiques. La première tient au contexte dans lequel elle intervient: les alertes répétées d'une crise économique mondiale qui se traduira par une chute des prix du baril et pose toute la problématique de notre sécurité alimentaire. Le secteur de l'agriculture est au coeur de cette problématique surtout, que nous importons encore le contenu de notre couffin à près de 70%. Le deuxième élément important dans cette audition est le personnage qui sera reçu. Le Dr Rachid Benaïssa. De l'avis de tous les observateurs nationaux et des chancelleries étrangères, l'Agriculture algérienne plongée dans un coma profond depuis qu'elle a raté le virage de la révolution agraire, a enfin frémi avec l'arrivée de Rachid Benaïssa à la tête de ce secteur. A la fois théoricien et homme de terrain, M. Benaïssa a créé de toutes pièces une stratégie d'un renouveau rural qui non seulement a séduit mais donne ses fruits. A la base de cette démarche, il y a un postulat inébranlable: il n'y a pas de territoires sans avenir, il y a des territoires sans stratégie. Ce postulat est renforcé par l'établissement des liens entre les agriculteurs, les zones rurales, citadines, les intervenants en aval et en amont de manière à créer une synergie et à donner plus d'efficacité à sa démarche. C'est ainsi que l'approche traditionnelle du secteur agricole a été mise au placard. Que l'on ne se trompe pas. L'essor de la production agricole en Algérie n'est pas tombée du ciel. Effectivement, si l'Algérie a exporté de l'orge, par ailleurs, sans faire trop de bruit médiatique, si l'Algérie a eu une superproduction de céréales en 2010, si on n'importe plus de pomme de terre, si la disponibilité des produits agricoles est un fait, ce n'est pas du seul fait d'une bonne pluviométrie. De la pluie il y en a eu depuis l'aube des temps. Que dire alors de la création des conseils interprofessionnels, de la relance de la chaîne du froid pour la régulation du marché? Pour la nouvelle loi sur le foncier agricole, c'est une autre histoire, une autre bataille. Jamais un ministre de l'Agriculture, depuis l'indépendance du pays, n'a osé toucher à cette «bombe» du foncier. Benaïssa le démineur l'a fait et cette loi est entrée en vigueur en août 2010. Elle a permis d'assainir le Fichier national des exploitations agricoles. Les défis sont immenses et la marche est encore longue. À l'heure actuelle, la production agricole est faible dans la plupart des pays en développement par rapport à celle des pays développés en raison de l'absence de technologies appropriées, de la production à la commercialisation. Produire suffisamment de denrées alimentaires pour nourrir les populations de demain, voilà bien l'un des enjeux les plus urgents et les plus impérieux que l'humanité, et donc l'Algérie, aura à relever aujourd'hui. Aussi, la satisfaction des futurs besoins alimentaires des Algériens mettra à l'épreuve la capacité et l'ingéniosité des producteurs agricoles et des responsables de ce secteur. C'est à ce niveau que situe la vraie révolution. Verte celle-là.