Le Premier ministre tunisien Béji Caïd Essebsi a exhorté jeudi ses concitoyens à aller voter «sans peur» demain pour le premier scrutin organisé en Tunisie neuf mois après la chute du régime de Zine El-Abidine Ben Ali. «J'assure les citoyens que l'élection va bien se passer et je leur demande de s'acquitter de leur devoir électoral sans peur», a déclaré M.Caïd Essebsi dans un discours enregistré à l'issue du dernier Conseil des ministres et diffusé dans la soirée à la télévision tunisienne. «Il n'y a pas lieu de craindre une vacance du pouvoir car le gouvernement va continuer à gérer les affaires du pays jusqu'à la passation de pouvoir, pas avant le 9 novembre», a ajouté le Premier ministre. L'Assemblée constituante qui sera issue des urnes devra élire ou désigner un nouveau président de la République lui-même chargé de former un gouvernement. Alors, «la tâche du gouvernement provisoire sera terminée et il passera la main à l'équipe désignée par la Constituante», a déclaré M.Caïd Essebsi. «Tous ceux qui vont être élus par le peuple sont les bienvenus quels qu'ils soient», a ajouté le Premier ministre, alors que le mouvement islamiste Ennahda est le favori du scrutin. «Allez voter et nous garantissons que tout se passera bien, on va prouver à tout le monde que la démocratie peut réussir dans le tiers-monde et qu'un pays dont le peuple est musulman peut réussir. C'est très important pour le monde arabe et islamique de prouver qu'il n'y a pas de contradiction entre l'islam et la démocratie», a martelé M.Caïd Essebsi. «Il n'est pas possible qu'il y ait de fraude», a-t-il également souligné, alors qu'Ennahda a évoqué mercredi un «risque de manipulation des résultats». «Celui qui doute du processus électoral et de l'Isie (la commission électorale indépendante, ndlr), c'est comme s'il doutait de lui-même», a-t-il dit. «El Gueddafi, Dieu ait son âme, disait que celui qui forme un parti trahit le peuple», a-t-il ajouté ironiquement, alors que la mort du guide libyen a été annoncée jeudi. «Il y a des gens (en Tunisie) qui ne veulent pas de ces élections et les considèrent comme impies. Ils ne cherchent pas à convaincre par le dialogue mais par la force», a-t-il poursuivi, alors que des salafistes, exclus du jeu politique, ont été récemment à l'origine de plusieurs incidents violents. Le gouvernement provisoire de Béji Caïd Essebsi gère le pays depuis le 28 février. Il a été formé après la chute des deux premiers gouvernements constitués après la fuite le 14 janvier de l'ex-président Ben Ali, chassé du pouvoir par un soulèvement populaire. Plus de sept millions de Tunisiens sont appelés dimanche à élire une assemblée constituante qui devra rédiger une nouvelle Constitution et légiférer jusqu'à la tenue d'élections générales.