Le RND refuse de cautionner l'exploitation politicienne d'un différend commercial et prédit un chamboulement dans la majorité politique à la rentrée sociale. Le porte-parole du RND, M.Miloud Chorfi, a qualifié hier de «relation purement commerciale» le conflit qui oppose depuis jeudi dernier certains titres de presse aux imprimeries publiques. M.Chorfi a déclaré, lors d'une conférence de presse animée au siège national du parti à Ben Aknoun, que le RND s'est déjà exprimé à ce sujet. Quant à l'absence des représentants du parti au rassemblement des journalistes organisé hier matin à la Maison de la presse Tahar-Djaout, M.Chorfi l'explique par le refus de son parti «de s'associer à certains cercles politiciens qui veulent exploiter ce différend». Par ailleurs, M.Chorfi dira que «ce n'est pas la première fois que des journaux ont affaire aux imprimeries», rappelant les épisodes de 1996 et 1998 et que les lois de la République existent et elles doivent être appliquées et respectées. M.Chorfi a exprimé «le grand étonnement du RND» devant ces déballages faits sur la place publique. Les scandales révélés par les titres aujourd'hui empêchés de paraître sont «des dossiers préfabriqués», selon l'orateur. Pour preuve, il n'hésitera pas à voler au secours de son secrétaire général pour dire que les révélations faites au sujet du bien immobilier qui lui aurait été cédé au dinar symbolique «sont dénuées de tout fondement». Selon le conférencier, «M.Ouyahia a bénéficié d'un bien à la suite d'une demande effectuée en 1995 alors qu'il était haut fonctionnaire au ministère des Affaires étrangères». Suite à quoi il ajoute que M.Ouyahia en «est devenu propriétaire dans le cadre de la loi de 1981 sur la cession des biens de l'Etat». L'orateur a précisé que le titre qui fait ces révélations a usé d'une déclaration de patrimoine du chef du gouvernement datant de 1996, donc antérieure à cette acquisition. En outre, le porte-parole du RND a abordé de manière sommaire le bouillonnement qui caractérise la scène politique, notamment la crise au sein du FLN et la question de la présidentielle. S'agissant du FLN, M.Chorfi réfutera les accusations selon lesquelles «le RND est complice de l'Administration dans le complot visant à déstabiliser la direction de ce parti.» «Il y a des lois et nous sommes de ceux qui demandent leur application», dira M.Chorfi. Un peu plus loin, l'orateur s'interrogera: «Où étaient ces gens qui critiquent l'Administration lorsque le RND a été spolié de ses droits le 30 mai et le 10 octobre 2002». Mais M.Chorfi se ravisera vite en déclarant que «le RND ne critiquera pas l'Administration.» Pressé de commenter la crise au sein du FLN, M.Chorfi se contentera de répondre que «les différends qui existent au sein des partis doivent être réglés à l'intérieur et non pas au sein de la coalition gouvernementale». La grosse surprise de la conférence de presse d'hier a été lorsque M.Chorfi a lâché tout de go qu'«il n'y a aucun parti qui peut se targuer d'avoir une majorité au sein des assemblées locales». Pressés par les journalistes de préciser ses propos, M.Chorfi dira que le RND est majoritaire dans 264 APC et le FLN dans 830, mais «il y a plus de 100 APC qui viennent de balancer dans le camp du RND». Quant à l'APN, l'orateur dira qu' «il est probable que le rapport de force change à la prochaine session d'automne, prévue à la rentrée». Ces déclarations fracassantes interviennent dans un contexte de crise inextricable dans laquelle se débat le FLN, le parti majoritaire jusqu'à nouvel ordre au sein des assemblées élues. Les déclarations de M.Miloud Chorfi sont à interpréter probablement dans le contexte d'un retour sur la scène politique de l'ex-parti majoritaire jugé «triomphal» par l'orateur à la suite du 2e congrès tenu il y a deux mois. Pour M.Chorfi, «beaucoup ont misé sur l'effacement du RND de la scène politique», mais «le succès du dernier congrès a démenti et en a dérangé plus d'un». Tout porte à croire que le parti du Chef du gouvernement se prépare à toute éventualité à l'occasion d'une rentrée sociale qui s'annonce très chaude. L'orateur n'a pas hésité à répondre à la question sur l'éventualité de la dissolution de l'Assemblée en cas de persistance des blocages. «Le premier magistrat du pays est constitutionnellement compétent pour en décider», dira-t-il. «Quant à ceux qui prépareraient dans les salons et les cafés le projet de loi électorale, nous leur donnons rendez-vous à l'APN», s'exprimera M.Chorfi.