Le Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia a effectué une visite surprise à Boumerdès avant-hier, afin de s'enquérir de l'état d'avancement des travaux d'installation des chalets, destinés aux sinistrés du séisme du 21 mai dernier. Cette visite certes normale, traduit cependant la crainte des autorités de ne pas pouvoir respecter les délais sur lesquels elles se sont engagées auprès des sinistrés. En effet, les frictions enregistrées ces derniers jours sur la scène politique et le remaniement ministériel qui s'en est suivi serait de nature à altérer la cadence avec laquelle avancent les travaux sur les sites sinistrés. Par ailleurs, la visite du Chef du gouvernement qui intervient quelques jours après le déplacement sur les mêmes lieux des ministres de l'Intérieur et de l'Habitat, suscite des lectures politiques. La visite d'Ouyahia est programmée au moment où le chef de l'Etat est en périple à l'intérieur du pays. Habituellement, le chef du gouvernement reste en place dans la capitale lorsque le chef de l'Etat effectue un déplacement à l'intérieur ou à l'extérieur du pays. Du coup, les observateurs s'attendent à ce que le Président Bouteflika se rende à son tour à Boumerdès pour renouveler aux populations sinistrées son engagement à les reloger avant l'hiver. A propos de l'hiver, les averses qui se sont abattues sur le centre du pays avant-hier, seraient-elles pour quelque chose dans ce déplacement. Paradoxalement, Ouyahia n'a pas eu de contact avec les sinistrés. Est-ce le syndrome de ce qui est arrivé au chef de l'Etat à Boumerdès aux lendemains du séisme ravageur du 21 mai qui aurait fait éviter à Ouyahia de visiter les tentes des sinistrés? Tout porte à le croire, vu le caractère inopiné de ladite visite. De plus, est-ce que le Chef du gouvernement s'est déplacé de son propre chef à Boumerdès ou l'a-t-il fait sur ordre du chef de l'Etat? La question se pose d'autant que sur la gestion des principaux dossiers brûlants de l'actualité, il y a des dysfonctionnements terribles entre les deux hommes. A commencer par la gestion du dossier de la Kabylie en passant par la suspension des journaux où on assiste à la pratique de la politique de «la carotte et le bâton», et puis il y a le dossier du FLN, précisément de l'aile contestataire dont les animateurs aurait bafoué les lois en vigueur et, pour finir, le remaniement ministériel dont on ne perçoit pas l'apport du chef du gouvernement. En outre, la visite du Chef du gouvernement à Boumerdès intervient à la veille de la rentrée scolaire. En dépit de toutes les bonnes volontés et les moyens financiers et autres, déployés par les pouvoirs publics, le retour à la normale dans les zones sinistrées se fait très lentement. Par ailleurs, la bipartite qui était porteuse d'espoirs pour des milliers de pères de famille n'a pas tranché sur la question fondamentale qui est le Salaire national minimum garanti (Snmg). Car, pendant que le gouvernement et l'Ugta se sont entendus sur le relèvement du taux des indemnités des corps communs de la fonction publique, les ménages assistent à une montée en flèche inexpliquée des prix des fruits et légumes et des produits de large consommation. A ce rythme, l'augmentation du Snmg, attendue lors de la réunion de la tripartite, serait de la monnaie de singe pour les cinq millions de ménages algériens.