La secte Boko Haram, qui a revendiqué une série d'attentats sanglants notamment contre des églises le jour de Noël a pour objectif avoué d'instaurer un Etat islamique au Nigeria, le pays le plus peuplé d'Afrique. Dimanche, un attentat a visé une église près de la capitale Abuja et fait au moins 27 morts, et un autre contre une église à Jos (centre) a fait un mort. A Damaturu (nord-est), un kamikaze a lancé sa voiture contre un convoi militaire qui a fait quatre tués dont l'auteur de l'attaque. Cette journée sanglante intervient aprés une série d'explosions et d'attaques depuis jeudi dans plusieurs villes du nord-est, dont Damaturu, et d'affrontements avec les forces de l'ordre, qui ont fait des dizaines de tués. Lancé en janvier 2004, Boko Haram --qui signifie en langue haoussa «l'éducation occidentale est un péché»- se réclame des talibans afghans et est soupçonné de liens avec la branche maghrébine d'Al-Qaïda (Aqmi). L'organisation extrémiste veut l'instauration d'un Etat islamique avec une stricte application de la charia au Nigeria dont les 160 millions d'habitants, sont répartis entre le nord à majorité musulmane et le sud à dominante chrétienne. A ses débuts, elle était essentiellement composée de diplômés de l'université et de personnes ayant rompu avec leur milieu social d'origine, classe aisée ou classe moyenne. Son fief était jusqu'en 2009 à Maiduguri, capitale de l'Etat de Borno (nord-est), près des frontières du Cameroun, du Niger et du Tchad. En juillet 2009, une violente insurrection de la secte a été brutalement réprimée par l'armée et les combats ont fait environ 800 morts. Le QG du groupe à Maiduguri a été rasé, son chef d'alors, Mohammed Yusuf, tué et on ignore depuis où est située sa base. Après avoir fait profil bas un temps, la secte a de nouveau émergé et continue depuis de lancer des raids meurtriers visant policiers, militaires, hommes politiques et responsables communautaires ou religieux opposés à leur idéologie. Les bars servant de l'alcool sont également visés. Depuis mi-2010, la secte, jusqu'alors active dans le nord, a élargi son champ d'action. A Abuja, elle a attaqué en juin le QG de la police (deux morts) et en août le siège des Nations unies (24 morts). Le mouvement revendique des liens avec les milices islamistes en Somalie, les Shebab, inspirés par Al Qaïda. Et a annoncé son intention de lancer «le jihad» (guerre sainte) avec ses militants entraînés en Somalie.