L'Etat ne produit plus de sucre depuis 2008 Il suffit que le secteur privé rencontre des difficultés dans son entreprise pour que le pays entier soit en péril. Depuis la privatisation de l'Enasucre, l'unique entreprise algérienne qui produit le sucre, l'Etat ne produit plus de sucre depuis 2008, et ce malgré la règle des 34% qui reviennent de droit à l'Etat afin de pouvoir exercer son rôle de contrôle et de régulateur du marché, conformément aux règles économiques appliquées dans les Etats du monde entier. «L'Etat doit avoir 34% de la production de tous les produits essentiels, pour avoir le tiers bloquant, et être dans une position de force, afin de maîtriser le marché de l'agroalimentaire, notamment le sucre», selon Boulanouar Sekouane, président du conseil d'administration de cette entreprise publique qui a été privatisée à 80%. En l'état actuel des choses, l'Etat a cédé le marché de la production du sucre au secteur privé qui procède à son tour, à l'importation de la matière première (sucre roux), qu'il transforme ensuite en produit fini. En fin connaisseur du domaine de l'agroalimentaire et spécialiste en économie, M.Sekouane donne un autre argument pour démontrer la démission de l'Etat en matière de production du sucre qu'il a qualifié de produit «essentiel et non pas stratégique pour le consommateur». «Notez qu'il suffit que le secteur privé rencontre des difficultés dans son entreprise pour une raison ou une autre, et c'est toute l'importation du produit qui pose problème au marché», affirme-t-il, d'autant plus que l'Algérien consomme une moyenne de 28 à 29 kg de sucre par an. «Il faut diminuer la consommation du sucre», a conseillé le patron de l'Enasucre. En tout état de cause, est-il logique et normal de laisser le champ libre au privé pour accaparer le monopôle du sucre? Les exemples en sont nombreux illustrant la problématique de la concentration des activités des sociétés sur le marché de l'importation, d'autant plus qu'elles débouchent un jour ou l'autre sur des situations «incongrues» sur le marché national ou international de la consommation.. Selon cet économiste qui n'a pas mâché ses mots sur les questions économiques relevant du secteur sucre, tout en évitant de revenir sur la crise du mois de janvier 2011. Pour éviter la polémique, le patron de l'Enasucre a esquissé des solutions rationnelles. L'Enasucre employait dans les années 1990, 1700 employés environ. Actuellement, il en reste 35, (avant la liquidation totale de cette entreprise), M.Sekouane considére nécessaire de créer et de développer d'autres «sucres de synthèse» utilisables de manière rationnelle, afin de répondre aux besoins de la consommation. Evoquant la transformation de la matière première en produit fini en matière de sucre, M.Sekouane a estimé «très faible» le coût du raffinage du sucre en Algérie en raison du coût du gaz qui revient de 25 à 30%, moins cher tout en le présentant comme un avantage comparatif pour le marché de la production nationale. «Beaucoup d'entreprises sont intéressées par le raffinage du sucre en Algérie», a-t-il souligné. Répondant au sujet de la politique de l'Etat qui vise entre autres la récupération des entreprises publiques, en leur attribuant des enveloppes financières et autres facteurs de relance de la production nationale, à l'image de la Snvi et autres, le patron de l'Enasucre, avec un pincement au coeur, rappelera que «notre entreprise est privatisée à 80%. Il ne reste que l'unité de conditionnement de Sfisef, avant de procéder à la liquidation totale de l'entreprise», déplore-t-il. Le dossier de la liquidation de l'entreprise Enasucre est sur la table du gouvernement. «Jusqu'à présent, il n'y a pas eu de décision de dissolution prononcée. Donc, l'entreprise Enasucre peut revenir et se relancer dans d'autres activités de production, si l'on décide de sauver le peu qui reste», a indiqué le patron de l'entreprise. Les autorités devraient certainement s'informer davantage sur le parcours de cette entreprise très compétitive durant de longues années, pour se retrouver dans une situation d'agonie.