L'Etat envisage de créer une industrie publique du sucre et de l'huile pour réguler le marché afin de casser «le monopole exercé par certains opérateurs sur le marché». Les pouvoirs publics comptent racheter les unités de l'Enasucre (Entreprise nationale du sucre) et de l'ENCG ( Entreprise nationale des corps gras) vendues dans le cadre du programme de privatisation. Le ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub, a annoncé avant-hier dans une réunion avec ses cadres à Alger l'intention de l'Etat de créer des unités industrielles publiques pour la production du sucre et d'huile afin de réguler le marché national des produits de première nécessité. Cité par l'APS, le ministre du Commerce a dénoncé le «quasi-monopole de certains producteurs privés», ce qui a «engendré, selon lui, la hausse des prix des produits de première nécessité». «Le gouvernement réfléchit actuellement sur les moyens d'appui des minoteries publiques et le groupe Giplait (pour ce qui concerne les semoules et le lait) et sur la mise en place d'unités industrielles publiques pour la fabrication de sucre et d'huile», a-t-il indiqué. Pour le premier responsable du département du commerce, l'Etat doit intervenir dans les segments stratégiques et être présent sur le marché en tant qu'industriel et commerçant dans les marchés du lait, du sucre, de l'huile et de la semoule. Il s'agit d'un engagement important, car la politique qui a été prônée jusque-là est celle du retrait des autorités du secteur industriel, notamment de l'agroalimentaire, à l'exception de certaines entreprises considérées comme des sociétés stratégiques pas concernées par le processus de privatisation, à l'exemple de Sonatrach, Air Algérie et Saidal. El Hachemi Djaâboub est revenu de manière détaillée sur les projections en matière de soutien à l'industrie agroalimentaire. Concernant la production des semoules et du lait, il a fait savoir que l'Etat compte réellement renforcer sa présence sur les marchés de ces produits à travers un soutien accru aux minoteries publiques et au groupe public industriel des productions laitières Giplait, ayant aujourd'hui une part de marché estimée à 45%. Quant au sucre et à l'huile, il s'est contenté de dire que «l'Etat compte créer des usines publiques». Il faut savoir que les unités étatiques versées dans ces filières auparavant étaient vendues à des opérateurs privés, notamment le groupe Blanky qui a racheté l'Enasucre et un opérateur saoudien qui a repris l'ENCG. Si le groupe ENCG a pu reprendre sa production sous le label Safia, le groupe Blanky n'a pas eu les moyens pour pouvoir relancer les unités de l'Enasucre. Les négociations d'éventuelles reprises menées à l'époque avec l'investisseur Issad Rebrab, patron de Cevital, n'ont pas abouti. Le patron de Cevital avait confié que le projet ne sera pas rentable, étant donné la vétusté des équipements. Dans tous les cas de figure, l'Etat doit intervenir, selon Djaâboub, pour assurer la disponibilité des produits ainsi qu'au niveau des opérateurs afin d'éviter les positions dominantes sur ce marché», ajoutant que les autorités ont décidé de maintenir la subvention des produits de large consommation. Depuis l'année 2008, les pouvoirs publics ont multiplié les formules de soutien aux entreprises étatiques, à l'exemple du sauvetage de la SNVI, de l'Eniem et des financements souples accordés à Air Algérie. En intervenant dans le domaine de l'industrie agroalimentaire, c'est désormais une nouvelle politique qui se met en place consistant à réhabiliter un outil de production disparu sous l'effet du plan structurel des années 1990 et de la politique de privatisation menée durant les années 2000.