Mises en demeure, menaces de ponction sur les salaires, convocations par le tribunal, paralysie totale du transport ferroviaire. Tous les voyants sont au rouge entre le syndicat de la Sntf qui entame une grève illimitée depuis deux jours, et sa direction. Hier, la tension est encore montée d'un cran entre les cheminots et leur direction après une rencontre infructueuse. Tirant chacune de son côté, les deux parties n'avaient probablement pas grand-chose à se dire. Aucune revendication n'a été honorée par la direction, notamment l'augmentation de 2500 DA sur le salaire de base. Les syndicalistes continuent leur débrayage. Une délégation représentant des dizaines de sections syndicales de l'entreprise est allée chercher de l'aide auprès de la centrale syndicale. Les représentants sont revenus bredouilles. La centrale syndicale ne s'est pas encore prononcée sur la grève taxée d'illégale par la direction. M.Dekhakh, membre du bureau du syndicat chargé de l'information, a affirmé que les syndicalistes se sont partagés en deux délégations, «l'une est allée à la direction générale et l'autre à la centrale syndicale, mais aucune des deux n'a abouti à un résultat susceptible de contribuer à la résolution du conflit». Par ailleurs, le bureau du syndicat ressemblait hier à une ruche d'abeille envahie, par les travailleurs venus de tous les coins du pays. Des centaines de mises en demeure leur ont été envoyées par la direction. «L'entreprise a constaté avec regret que vous êtes placé en situation d'arrêt de travail depuis le 14 octobre (....) la grève étant illégale au regard des dispositions de la loi 90-02, vous voudrez bien noter que, faute de reprise, la relation de travail vous liant à l'entreprise est résiliée de fait», lit-on sur le document de la direction. Accusés de «provocation et (de) chantage», les travailleurs promettent de continuer leur grève jusqu'à l'aboutissement de toutes leurs revendications. «Nous avons déjà fait des concessions», a répliqué M.Dekhakh, qui affirme que la direction, «faisant la sourde oreille, n'entend que sa voix et n'a proposé qu'une augmentation de 800 DA. C'est à prendre ou à laisser», a-t-il conclu. A la deuxième journée de la grève, des retombées commencent à endommager le trafic. Les trains étant à l'arrêt, sans service minimum garanti, les usagers, tout en montrant de la sympathie pour le mouvement, se sont vus obligés de se rabattre sur les taxis interwilayas et les autocars. Concernant le service minimum garanti par la loi, le syndicat rejette la responsabilité sur la direction, «beaucoup plus préoccupée par les mise en demeure à l'encontre des grévistes que par le service public».