A la veille d'une réunion du comité central du FLN qui s'annonce improbable, Abderrahmane Belayat, membre de son BP a déclaré à l'Expression (édition d'hier, 13 juin) «N'ouvrons pas la boîte de Pandore...» On ne le lui fait pas dire! Ce qui, à tout le moins, laisse sous-entendre que tout ne va pas dans le meilleur des mondes pour le landerneau frontiste. Dit autrement, et selon une maxime bien de chez nous «khalou l'bir b'ghtah». Ceci dit, donc, cet éminent routier de la politique du vieux parti, minimise à l'extrême la crise du FLN. Aussi, aller jusqu'à nier son existence ou la remise en cause de la personne du secrétaire général du parti reste, en tout état de cause, peu politique et ne sert, dans le meilleur des cas, qu'à radicaliser les positions des uns et des autres. Mettre en avant les statuts du parti pour occulter l'essence politique de la crise qui divise depuis des mois le FLN, c'est à tout le moins léger. Ce qui nous amène à nous demander si les dirigeants du FLN ont fait leur introspection et se sont interrogés afin de savoir s'ils n'ont pas fait fausse route, si leur démarche et action répondaient aux attentes des militants du parti. A en croire M.Belayat, la «majorité» du CC-FLN approuve la démarche du secrétaire général du parti, quand les redresseurs affirment que cette «majorité» exige le départ de M.Belkhadem. Assurément, l'une des deux parties - qui s'étripent par presse interposée - ment. Sans doute les deux. Ce qui ne clarifie en rien la donne inhérente à la crise qui secoue un parti plus que jamais atteint par l'usure du pouvoir. Le fait est que ni les «légitimistes» ni les «redresseurs» ne posent les vraies questions, du moins celles qu'il était attendu que l'on pose, que les dirigeants du FLN devaient, auraient dû, poser, se poser: le FLN a-t-il atteint ses limites? En fait, le FLN post-Indépendance n'a pas su, surtout voulu, se remettre en question. Après 50 ans de pouvoir, quasi permanent, le FLN a-t-il rendu service au pays en s'accrochant, vaille que vaille, au pouvoir, en se maintenant au sommet de l'Etat, par des moyens pas toujours orthodoxes, comme de détenir le monopole de la «fourniture» à l'Etat de ses hauts commis. Nous évoquions une introspection qui n'a pas été faite et que le FLN a cru pouvoir en faire l'économie. En effet, quelle analyse le FLN, plutôt ceux qui agissent au nom du FLN, font-ils des situations politique, sociale, et économique du pays?. Peuvent-ils affirmer que le parti qui a dirigé l'Algérie durant cinq décennies a réussi le décollage économique du pays, qu'il en a fait une locomotive du développement régional et continental, qu'il a fait de l'Algérie un pays émergent...? Se sont-ils demandés le pourquoi des émeutes qui émaillent depuis des années le pays; les suicides récurrents, y compris parmi les femmes et les enfants; la harga des laissés-pour-compte; comme les centaines d'intellectuels, de spécialistes, d'ingénieurs qui quittent chaque année le pays; pourquoi la mafia (des marchés de gros, du médicament, du ciment, de...de...) contrôle-t-elle à ce point le pays; ou encore la corruption solidement implantée à tous les niveaux? Et cette énumération, à tout le moins attristante, n'est pas exhaustive. Le Premier ministre, M.Ouyahia, a lui-même reconnu que la mafia tentaculaire a fait main basse sur l'Algérie, admettant dans la foulée un «échec collectif». Or, la majorité des dirigeants de ce pays sont estampillés «FLN». Or, que voit-on? Au FLN on se chamaille pour des postes de pouvoir donnant une image affligeante (au et) du pays. Aussi, a-t-on réfléchi à des solutions qui mettent un terme à ces dérives? Sinon, ces dirigeants inamovibles ont-ils songé un instant à passer la main, à laisser la place à la nouvelle génération pour remettre le pays au travail? Or, cela fait des mois que les caciques du FLN se donnent en spectacle quand l'Algérie est en urgence de changement, de vraies réformes et d'ouverture, aptes à redonner espoir et raison de croire aux hommes, aux femmes, à cette jeunesse dont l'unique ambition aujourd'hui est de quitter le pays, ou de se suicider. Aussi, au moment où le CC-FLN se réunit, peut-on espérer que ses dirigeants ne se tromperont plus de priorité.