Le torchon brûle entre les travailleurs de la Salca et la direction générale. Les 350 travailleurs de cette entreprise publique sont en grève depuis trois jours. les raisons de ce mécontentement sont légion. Mais les salaires impayés des mois d'août, septembre et octobre ont fait monter la pression. Les travailleurs rencontrés sur les lieux n'arrivent pas à contenir leur colère. l'un d'eux proteste: «J'ai 22 ans de carrière dans cette entreprise, et je suis toujours contractuel.» Un autre enchaîne: «Je suis productif. Ce qui m'intéresse ce n'est pas le salaire mais la dignité du travailleur.» Dans ce sens, une travailleuse, excédée, dira: «Il n'y a aucun respect pour la femme de la part des responsables.» Fin de contrat, mise à pied et licenciement sont devenus, selon les intervenants, monnaie courante au sein de l'entreprise. Les travailleurs ont insisté pour citer ce cas bouleversant:«Le nommé N.Messaoud de Meftah est tombé malade, il y a quelques jours. l'administration lui a signifié une fin de contrat. Deux jours après, il décède à l'hôpital.» Concernant les deux containers qui se trouvent dans la cour de l'entreprise, les travailleurs, unanimes, avouent: «Les produits qui s'y trouvent n'ont rien à voir avec les besoins de l'entreprise. le DG opère des transactions personnelles au nom de l'entreprise. Chaque semaine, il fait trois voyages à l'étranger.» Afin de cerner les origines de ce débrayage, nous avons contacté M.H.Lounès, membre de l'ex-fonds de participation. Ainsi, la genèse de ce malaise remonte à 1998 avec la création d'un syndicat. En 2001, la direction refuse de renouveler la section syndicale. Dans le comité de participation, quatre membres sur sept ont retiré, le 16 février 2002, leur confiance au président et vice-président. La même année, les réfractaires saisissent officiellement le DG pour le renouvellement du comité de participation. Mais sans aucune suite. Devant ce refus, les membres désignent un président et un vice-président le 14 juillet 2003. Toutefois, l'administration ne reconnaît pas ces nouveaux représentants. Notre interlocuteur explique: «La direction veut garder ces hommes (les responsables du syndicat et du fonds de participation) pour maintenir ses intérêts.» En tout cas, les travailleurs demandent qu'ils soient payés chaque fin de mois et de mettre fin à l'intimidation et à la pression de l'administration. Le DG, lui, semble dépassé par l'atmosphère électrique qui règne dans la cour. Il considère cette grève comme un abandon de poste, faute d'un préavis de grève que doivent déposer les travailleurs. «On ne peut trouver une solution dans cette situation d'anarchie et de trouble. Pas de travail, pas d'argent», affirme le DG. «Pas d'argent, pas de travail», répliquent les travailleurs. Il est clair que sans des représentants réels des travailleurs (syndicat légitime), la situation est devenue inextricable. L'intervention de l'Ugta pour régler le problème de la section syndicale ne peut que débloquer ce conflit et par là sauvegarder l'intérêt des travailleurs.